Un méli-mélo de la santé publique

13 octobre, 2020 - Plus d’un aspect de l'organisation de la santé publique en Ontario a su compliquer le type de réponse coordonnée et organisée que requiert une crise de l'ampleur à laquelle nous sommes confrontés avec la COVID-19.

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Notre système de santé publique est composé de trois éléments principaux: le ministère de la Santé, Santé publique Ontario, ainsi que nos 34 bureaux de santé publique.

Le ministère de la Santé est responsable du fonctionnement général du système de santé par l’entremise de l'administration, la coordination et le financement des services de santé à l’échelle de la province. Un aspect important du ministère de la Santé est le nouveau Santé Ontario, qui est chargé de la prestation des soins de santé dans toute la province, ainsi que de la gestion de programmes tels que Action Cancer Ontario et cyberSanté Ontario. Vers la fin de 2019, Santé Ontario a repris toutes les responsabilités liées aux soins communautaires et non offerts à domicile du précédent système RLISS. Cela signifie qu'il lui incombe désormais de planifier, de coordonner et de fournir un financement aux fournisseurs de services de santé locaux dans toute la province. Le Dr David Williams est le médecin hygiéniste en chef du ministère et est responsable de leurs habiletés en termes de santé publique, bien que le ministère lui-même n'ait pas énormément de capacités de santé publique.

Santé publique Ontario (SPO) est chargé de fournir des conseils scientifiques et techniques à ceux qui travaillent dans tous les secteurs, afin de contribuer à éclairer les politiques et les pratiques dans l'intérêt de la santé des Ontariens. SPO fonctionne en tant qu’entité distincte du gouvernement et du ministère de la Santé, mais est à la fois responsable devant le gouvernement par l’entremise du président de son conseil d'administration. Le CA définit l'orientation stratégique globale de l'organisation et gère les fonds, mais le PDG, qui ne fait pas partie du conseil d'administration, gère les opérations quotidiennes.

Les bureaux de santé publique (BSP), quant à eux, sont des organisations indépendantes qui offrent des programmes de promotion de la santé et de prévention des maladies dans leurs juridictions. Les BSP sont établis par un groupe de municipalités urbaines et/ou rurales et peuvent être soit complètement autonomes, soit intégrés aux gouvernements municipaux ou régionaux. Fait intéressant: peu de choses dans leur mandat établissent une relation entre eux et SPO. Ils sont régis par des conseils de santé, qui eux définissent l'orientation stratégique, alors que l'orientation des politiques et les opérations quotidiennes relèvent du médecin-hygiéniste de chaque unité de santé.

Nous pouvons voir que ce sont trois organisations indépendantes qui tentent toutes d'atteindre le même objectif global: la santé des Ontariens. Cependant, en lisant les cadres législatifs de chaque organisation, il y a très peu de responsabilité ou de connectivité entre les agences. Cela rend les efforts coordonnés - du type nécessaire pour surmonter une pandémie - difficiles à réaliser. Bien que les BSP soient en quelque sorte responsables devant le ministère de choses comme les finances et le rendement du conseil, il n'y a pas grand-chose qui les rend responsables de leurs décisions politiques. Il n'y a pas non plus de lien entre Santé Ontario et SPO ou les BSP. Cela signifie que même si les décisions d'un BSP peuvent avoir un impact sur la prestation de services de santé - et vice-versa - ils ne sont pas obligés de consulter les prestataires de services ou de travailler avec eux pour créer de nouvelles réglementations.

Un bon exemple de ceci est que de nombreux bureaux de santé ont décidé d'arrêter les programmes de vaccination au cours des premières étapes de la pandémie, s'attendant à ce que le service soit pris en charge par les prestataires de soins de santé. Cette décision a cependant été prise sans une compréhension complète des capacités des fournisseurs dans les villes de la région du centre, de l'ouest et du nord de l'Ontario. Certaines communautés se sont retrouvées sans accès aux vaccins nécessaires pendant la pandémie, et dans d'autres cas, le personnel déjà épuisé des hôpitaux et des cliniques s'est retrouvé avec un autre fardeau à assumer[1].

Ce manque d'intégration et de coordination a également rendu difficile la recherche des informations COVID dont vous pourriez avoir besoin. Il existe peu de guichets uniques et complets d'information, et les informations que vous trouverez de différentes sources peuvent entrer en conflit. Par exemple, sur le site web de Santé publique Algoma, vous pouvez trouver des informations sur les tests, les voyages et les masques, mais vous devez vous rendre sur le site web de Santé publique Ontario pour trouver des informations relatives aux personnes vivant dans des milieux de vie rassembleurs.

Sur le site web du Bureau de santé du district de Thunder Bay, vous pouvez trouver de l'information sur le port du masque provenant de différents organismes: BSDTB, Santé publique de l'Ontario et le gouvernement provincial. BSDTB vous dit que vous devez vous laver les mains quatre fois au total - avant et après avoir enfilé et retiré le masque - tandis que les deux autres ressources vous disent seulement de vous laver avant de le mettre et après l'avoir enlevé. Le document PHO indique que vous ne devez porter un masque que si vous présentez des symptômes ou si vous vous occupez d'une personne présentant des symptômes, tandis que le site web du BSDTB et le document gouvernemental vous indiquent de porter un masque là où la distance physique est impossible. Selon les professionnels de la santé, des informations contradictoires provenant de différents niveaux étaient un gros problème à l'approche du début de la pandémie, même si elles se sont améliorées[2].

Il est clair que des améliorations doivent être apportées à la façon dont nous gérons notre système de santé publique afin de mieux faire face aux futures crises de santé publique. La Colombie-Britannique utilise une approche plus intégrée des soins de santé, dans laquelle les régies régionales de la santé gèrent à la fois la santé publique et la prestation des services de santé, en plus de se coordonner directement avec le gouvernement provincial. Cela pourrait être un modèle à suivre pour l'Ontario afin d’aider à ce que les décisions prises au nom de la santé publique soient prises sans laisser les choses tomber entre les mailles du filet.

 

[1] Communication personnelle avec les médecins du Wilson Memorial General Hospital
[2] Communication personnelle avec les médecins du Wilson Memorial General Hospital
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Mateo Orrantia est un analyste de recherche 

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