Améliorer l'état de la santé dans les communautés autochtones

le 22 avril 2019 - L’immunologie est un domaine en constante évolution. Par exemple, plusieurs études mettent en évidence que les taux d’incidence des allergies chez la population autochtone du Canada sont inférieurs à la moyenne de la population non autochtone; pourtant, on considère que les allergies et l’asthme sont le deuxième problème de santé le plus important au sein de la population autochtone. Comment cela s’explique-t-il? Pour répondre à cette question, nous commencerons par étudier la situation actuelle du Canada sur le plan des allergies. Nous analyserons ensuite dans quelle mesure les déterminants sociaux de la santé pèsent sur les résultats de santé, notamment les taux d’allergies, au sein de la population autochtone du pays.

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Une étude de 2015 dirigée par AllerGen a montré qu’un Canadien sur 13 était touché par des allergies, ce qui représente 7,5 pour cent de la population. Une allergie se définit comme une réaction indésirable du système immunitaire à la suite d’une exposition à une protéine alimentaire ou à des antigènes environnementaux. Malgré leur prévalence dans la population, Asthma Canada déclare que les allergies sont « souvent sous-estimées, sous-diagnostiquées et insuffisamment traitées » (traduction).

Même si l’étude d’AllerGen permet aux décideurs politiques de comprendre les implications du nombre croissant de cas d’allergies et de créer une structure pour s’attaquer à ce problème, les peuples autochtones restent mis à l’écart.

Quand on étudie les taux de prévalence des allergies chez les populations autochtones du Canada, on relève des incohérences d’une étude à l’autre, et il est donc difficile d’avoir une idée exacte de la prévalence des allergies dans les communautés autochtones. Ainsi, MacMillan et coll. (2010) ont déterminé que les allergies (13 pour cent) et l’asthme (12 pour cent) sont respectivement le deuxième et le troisième problème de santé le plus fréquemment signalé chez les enfants inuits et des Premières Nations. Pourtant, l’Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes révèle que les taux d’asthme infantile les plus élevés étaient constatés chez les enfants des Premières Nations inscrits et vivant hors des réserves (15 pour cent), suivis par les Métis (13 pour cent), les enfants des Premières Nations non inscrits et vivant hors des réserves (12 pour cent) et les Inuits (11 pour cent). De même, une étude distincte de Kovesi et coll. (2012) indique que la prévalence de l’asthme chez les enfants des Premières Nations vivant dans les réserves s’établit à 14 pour cent. Même si les peuples autochtones indiquent que les allergies sont une préoccupation, le taux de prévalence des allergies enregistré en leur sein est inférieur à celui relevé dans la population non autochtone, selon les études existantes (certes limitées).

Comme l’ont constaté Soller et coll. (2013), les cas autodéclarés d’allergie sont moins nombreux chez les Autochtones en raison de plusieurs facteurs, comme une moins bonne sensibilisation aux allergies, des facteurs génétiques et des inégalités dans l’accès aux soins de santé. Une moindre prévalence peut sembler être une bonne chose, mais le Dr Daniel Harrington note que cela peut aussi être dû à un plus faible taux de détection ou de diagnostic, et que les études entreprises au Canada ignorent les populations les plus vulnérables (particulièrement les populations autochtones). Les constats de Soller et d’Harrington expliquent qu’il est difficile de discerner la véritable ampleur des allergies au sein de la population autochtone, alors que ce trouble de la santé est jugé comme prioritaire.

Comprendre la prévalence des allergies au sein des populations autochtones ne commence pas par l’augmentation du dépistage des allergies, mais par une amélioration des politiques de santé. Pour opérer un changement politique, il faut d’abord répondre aux besoins primordiaux de chaque communauté en matière de santé. Pour cela, Services aux Autochtones Canada et Santé Canada ont défini quelques domaines clés, tout comme Greenwood et de Leeuv, à savoir :

  1. L’accès à l’éducation sanitaire et aux services de santé dans la langue natale, ce qui permet d’améliorer la qualité des soins.
  2. La réduction des obstacles financiers et géographiques qui limitent l’utilisation des ressources.
  3. L’atténuation des expériences négatives et racistes ressenties au sein du système de santé.
  4. La multiplication des études sur la prévalence des maladies chroniques dans les populations autochtones, dans les réserves et en dehors.

De nombreuses raisons expliquent qu’il ne soit pas toujours possible de se rendre dans les carrefours de santé pour y recevoir des soins, des services ou une éducation sanitaire. On peut supprimer les obstacles en décentralisant le système de santé et en amenant les soins dans les communautés. Ainsi, le précédent gouvernement provincial avait lancé une initiative positive qui incluait l’allocation de 222 millions de dollars afin de faire parvenir des soins culturellement adaptés au sein des 133 communautés des Premières Nations de l’Ontario.

Par ailleurs, il conviendrait de fournir aux médecins et aux autres professionnels de la santé une formation permanente sur le thème des expériences et traumatismes intergénérationnels chez les populations autochtones, afin que ces professionnels soient conscients de la façon dont ces traumatismes contribueront à définir l’approche et l’expérience des peuples autochtones eu égard aux systèmes de soins de santé. À l’heure actuelle, l’École de médecine du Nord de l’Ontario a une entente concernant les médecins résidents avec la Première Nation Eabametong, en vertu de laquelle les médecins résidents suivent une formation les aidant à répondre aux besoins de la communauté. Une telle approche mériterait d’être amplifiée et reproduite dans d’autres écoles et communautés. Pour conclure, des politiques efficaces verront le jour une fois comblées les lacunes qui existent actuellement dans les données, et ce, en encourageant et en finançant régulièrement les études sur ces troubles de santé. L’atteinte de ces objectifs politiques est la première étape pour pouvoir œuvrer à l’amélioration des résultats de santé au sein des populations autochtones et aller dans le sens du processus de réconciliation.

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Winter Lipscomb a été une stagiaire d’été d’Expérience du Nord à l’IPN en 2017.


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