Quand le gouvernement cafouille

21 août, 2019 - Ce blog a été publié pour la première fois dans Northern Ontario Business.

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Nombreux sont les enseignements à tirer de la mauvaise gestion du dossier de l’autisme cette année en Ontario. La plupart de ces enseignements appartiennent à la catégorie « Ce qu’il ne faut pas faire ». Une importante leçon risque toutefois de passer inaperçue dans ce climat de colère et de frustration (qui se justifie pleinement). En fin de compte, le gouvernement a fait ce qu’il fallait faire. Il a admis s’être trompé et s’est engagé à rectifier son erreur.

La classe politique et les fonctionnaires détestent courir des risques. Ils vivent au vu et au su de tous, avec des nouvelles qui sont publiées jour et nuit, à la merci de critiques rarement fondées sur des faits vérifiés qui peuvent devenir virales en quelques secondes, et ils ont donc bien des raisons de se réfugier dans le déni, l’esquive ou la remise à plus tard. 

Admettre une erreur au risque de soulever un tollé plus fort n’est pas chose aisée. Si nous voulons des décisions politiques judicieuses et factuelles, nous devons féliciter le gouvernement quand il admet une erreur et prend de réelles mesures pour la rectifier.

Cela est vrai quel que soit le parti concerné, au passage, qu’il soit au pouvoir ou non. 

Ne vous y trompez pas : le Parti libéral et le NPD observent les réactions que suscite la gestion de cette crise relative à l’autisme d’aussi près que les Conservateurs. Si l’admission d’une erreur et le fait de reprendre à zéro ne soulagent pas la tension qui s’exerce sur ce gouvernement, alors autant déclarer forfait et revenir à la stratégie consistant à nier, esquiver et reporter à plus tard. 

Mais si le grand public considère ce mea culpa comme une réponse raisonnable, alors les gouvernements feront plus souvent amende honorable à l’avenir. 

Cela ne consolera guère les enfants et les parents qui attendent l’aide qu’ils méritent et que le gouvernement leur a promise. 

La dure réalité est que ce gouvernement ne s’est pas simplement engagé à apporter des changements marginaux à un projet imparfait; il a déclaré avoir eu tort et être prêt à recommencer à zéro. Cela prendra du temps. 

Dans l’intervalle, on peut prendre certaines dispositions; des mesures sont d’ailleurs déjà en cours. Restaurer les anciens niveaux de financement à l’intention des enfants qui recevaient déjà une aide a constitué un pas dans la bonne direction. 

Renforcer la surveillance des fournisseurs de services et mieux encadrer la délivrance des permis a été une autre avancée positive. Autre bonne idée : poursuivre en s’engageant à doubler les fonds destinés aux cinq centres de diagnostic de la province. 

Sans évaluation, un modèle fondé sur les besoins serait en effet inutile. Cet engagement à intensifier les évaluations pourrait toutefois aller plus vite. Cette intensification pourrait se faire cette année dans sa plus grande partie, voire dans sa totalité. Disposer de plus de ressources dès maintenant permettrait à plus d’enfants sur liste d’attente d’être évalués avant l’automne prochain. 

L’éventuelle introduction d’un programme complet fondé sur les besoins en serait grandement facilitée.

Il existe une autre mesure qui serait bien plus controversée. Les 24 924 enfants sur la liste d’attente (selon les chiffres du gouvernement) pourraient tous se voir allouer 5 000 dollars au titre des services en autisme cette année. 

Cela représenterait 125 millions de dollars au total, soit un peu moins de la moitié de l’augmentation du financement annuel des services en autisme que le gouvernement a déjà promise. Pour traiter ces 25 000 nouvelles demandes, le gouvernement devra ajouter ou réaffecter du personnel, ce qui représenterait aussi des frais supplémentaires. 

L’allocation de 5 000 dollars serait une mesure d’urgence et ponctuelle. Il ne s’agit évidemment pas d’un financement fondé sur les besoins. De nombreux enfants ont besoin d’un soutien bien plus important. 

Rappelons que selon les chiffres du gouvernement, 260 familles ont été retirées de la liste d’attente depuis l’annonce des changements initiaux. Le coût que cela représente pour ces 260 familles est estimé à 4,4 millions de dollars, soit environ 17 000 dollars par famille. 

Nous avons également lu des messages sur les réseaux sociaux communiquant des factures de plus de 80 000 dollars par an pour les services en autisme.

Nous savons donc que la somme de 5 000 dollars par enfant est en moyenne trop faible. Faute d’évaluations complètes pour tous les enfants, il est impossible de savoir à combien devrait s’établir en moyenne le montant de l’allocation. Le gouvernement avait initialement proposé une limite annuelle de 5 000 dollars pour les enfants de plus de six ans. 

Cela semble un compromis raisonnable dans cette situation d’urgence pour apporter un peu d’aide à toutes les familles pendant que nous prenons le temps de trouver la formule fondée sur les besoins qui est nécessaire sur le long terme.

Apporter de l’aide à tous les enfants sur liste d’attente serait une démarche audacieuse pour pallier le délai actuel. Certains diront que cette aide est une insulte car elle est trop faible; d’autres diront qu’elle est insultante car peut-être excessive. 

Mais ce gouvernement a déjà pris une mesure énergique. Il est peut-être temps d’en envisager une autre.

 

Écrivez pour nous 

 

Charles Cirtwill est président fondateur et chef de la direction de l'IPN


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