Prime de risque: Alors que la pandémie persiste

15 février 2021 - Est-il rentable d’être une travailleuse ou un travailleur de première ligne?

Au fil de la progression de la COVID-19 au Canada, bon nombre de travailleurs ont vu leur quotidien bouleversé, mais pas tous. Les écoles ont fermé, notre domicile s’est transformé en bureau, ou notre emploi s’est tout simplement volatilisé. Mais les équipes de première ligne du commerce de détail et de la production se sont retrouvées sous les feux de la rampe et ont veillé à ce qu’il n’y ait pas de pénurie alimentaire et que nous disposions de suffisamment de farine et de papier toilette.

À chaque étape (confinement, réouverture et restrictions), les supermarchés et les gros détaillants sont restés ouverts pour nous servir tout en respectant des directives de santé publique en constante évolution. Même si pendant la première vague, aux quatre coins du pays, des entreprises ont mis en place une prime de risque dite « rémunération des héros », cette pratique ne s’est pas généralisée pendant la deuxième vague alors que les cas se multipliaient et que les confinements recommençaient.

Au Canada, les entreprises ont utilisé quatre approches lors de la deuxième vague :

  1. Une augmentation salariale dans les zones confinées

Empire Co., qui détient la chaîne de supermarchés Sobeys, a relancé son programme de rémunération des héros pour ses magasins situés dans les régions canadiennes confinées. Dans ces régions, les travailleurs à taux horaire ont vu leur paie augmenter de 10 à 100 $ par semaine, en fonction de leur nombre d’heures de travail. Le président et chef de la direction Michael Medline a déclaré que « si nous étions amenés à affronter un confinement aussi strict, dans une région ou une province, que celui qui a été imposé au début du printemps, nous relancerions un programme de reconnaissance pour nos collègues ».

L’augmentation salariale proposée au personnel des régions confinées souligne que les travailleurs de première ligne des services essentiels subissent des pressions supplémentaires. Cela reconnaît, dans une certaine mesure, les efforts qu’ils déploient pour que leur communauté ait accès aux produits quotidiens dont elle a besoin pour ne pas être incommodée pendant cette période d’incertitude.

  1. Augmentation salariale permanente

Après le lancement de son programme de paie de pandémie le 22 mars, Chapman’s Ice Cream a annoncé avoir décidé que son personnel de production et de distribution continuerait de recevoir ce bonus horaire de 2 $. L’entreprise a également porté à 18 $ par heure le salaire initial qu’elle verse aux employés de son équipe de production. Le vice-président de Chapman’s Ice Cream, Ashley Chapman, a souligné que l’entreprise « avait pris les devants en proposant un salaire de subsistance dont notre personnel a besoin, pandémie ou pas ».

Alors que la pandémie exacerbe les facteurs de stress qui s’exercent sur tous les travailleuses et travailleurs canadiens, cette initiative affirme qu’une augmentation salariale s’impose pour que le revenu des employés soit suffisant, quels que soient les risques auxquels ils sont exposés.

  1. Primes salariales

Au Canada, les gros détaillants ont plus souvent décidé de remercier le personnel de première ligne en optant pour des primes salariales. Celles-ci peuvent prendre la forme d’un bonus ponctuel, ou d’un bonus versé de façon récurrente. La chaîne Walmart a récemment annoncé qu’elle offrirait un bonus de 250 $ à son personnel à temps plein et de 150 $ à son personnel à temps partiel.

Quant aux employés de Lowe’s Canada, ils ont reçu un bonus de 300 $ (personnel à temps plein) et de 150 $ (temps partiel) en mars, août et octobre, en plus d’une augmentation horaire de 2 $ entre avril et juillet.

Home Depot Canada fournit, sur une base continue, un bonus hebdomadaire de 100 $ (personnel à temps plein) et de 50 $ (temps partiel).

Quels que soient la fréquence ou le montant d’un bonus, le fait de verser au personnel des fonds supplémentaires est une marque d’appréciation qui a pu aider le personnel de première ligne aux prises avec les risques engendrés par la deuxième vague de la pandémie. Un bonus indique à ces travailleurs que leur employeur a conscience des risques qu’ils prennent pour aider les membres de leur communauté pendant cette période éprouvante.

  1. Adopter la « nouvelle normalité »

Pour les entreprises, une autre option consiste à accepter que la pandémie va perdurer, mais que les modifications apportées au milieu de travail ne justifient pas une augmentation salariale. Bien que de nombreuses entreprises font probablement de même, Loblaw a fait l’objet d’une forte attention des médias lorsqu’elle a décidé de ne pas relancer une forme de « rémunération des héros » à l’intention de son personnel de première ligne. L’entreprise a justifié sa décision en arguant qu’elle opérait simplement dans une « nouvelle normalité » en ayant mis en place des précautions sanitaires protégeant son personnel et sa clientèle.

Même si un certain sens de normalité est apparu maintenant que nous en savons plus sur la COVID-19 et sur les méthodes permettant de limiter la propagation du virus, les employés de Loblaw indiquent que le moral des équipes est clairement affecté quand les cas se multiplient dans leur communauté mais qu’il n’y a pas de programme de rémunération des héros.

Comment, en tant que société, pouvons-nous exprimer notre gratitude à celles et ceux qui se présentent à leur travail tous les jours en sachant qu’ils risquent d’être exposés à un tel virus? Quel type de bonus faudrait-il nous donner pour que nous acceptions de faire la même chose?

De nombreuses entreprises canadiennes ont décidé de verser des bonus ou d’augmenter le taux horaire, en soulignant qu’elles étaient reconnaissantes à leur personnel de première ligne, sur qui nos communautés ont pu compter pendant la pandémie. Entretenir un bon moral permet de créer un semblant de normalité pour le personnel comme pour la clientèle.

Nouvelle normalité ou pas, il est temps de mettre la main à la poche et de valoriser les travailleurs de première ligne sur lesquels nous comptons tous les jours. Mes remerciements chaleureux sont peut-être appréciés à ma sortie du magasin, mais ils ne compensent pas le comportement du client qui s’est mis à hurler sur l’agent d’accueil quand il lui a demandé de bien vouloir mettre un masque. Pas plus qu’ils n’aident une caissière qui sent son cœur s’affoler en apprenant qu’un de ses collègues vient d’être déclaré positif. Nous pouvons tous faire preuve de gentillesse, mais cela ne compense pas tous les risques auxquels ces travailleurs font face. La prime de risque est là pour cela.

 

 

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