Participation des conseils tribaux : une occasion à saisir pour la FMNO et la NOMA?

le 26 février 2018 - Lors de la dernière conférence annuelle « L’État du Nord » organisée par l’Institut des politiques du Nord, un commentaire de Jonathan Solomon, grand chef du Conseil tribal Mushkegowuk, m’a interpellée. Il a déclaré la chose suivante : « Je ne vois pas pourquoi Mushkegowuk ne siège pas à la Northeastern Ontario Municipal Association ». Cette remarque m’a poussée à la réflexion. Les organismes municipaux comme la FMNO et la NOMA passent-ils à côté de la possibilité de favoriser l’avancement et le développement de notre région en collaborant plus étroitement avec nos communautés autochtones?

 
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Les données démographiques des régions du Nord de l’Ontario font apparaître que les Inuits, les Métis et les peuples des Premières Nations représentent une population importante et en croissance dans nos districts. Les statistiques actuelles montrent que les peuples autochtones représentent entre 13 et 16 pour cent de l’ensemble de la population nord-ontarienne, mais ce chiffre atteindra 25 pour cent d’ici une génération. L’Ontario recense 134 communautés des Premières Nations (soit la deuxième province après la Colombie-Britannique); toutefois, il faut souligner que le Nord ontarien abrite la vaste majorité (105) de ces communautés. La question est maintenant de savoir si l’inclusion des leaders politiques autochtones au sein de forums régionaux comme la Fédération des municipalités du Nord de l’Ontario et la Northwestern Ontario Municipal Association serait susceptible de renforcer notre capacité collective, d’approfondir notre base de connaissances et d’élargir les points de vue sur les enjeux qui nous intéressent tous.

Avant de nous enliser dans des débats concernant la répartition des compétences, nous devons tenir compte du point suivant. Ce type de participation autochtone dans les affaires régionales n’a rien de nouveau. Ainsi, le Conseil de l’Arctique est un forum intergouvernemental qui réunit les huit nations de l’Arctique circumpolaire. Cet organisme multilatéral travaille en fonction des intérêts que ces nations ont en commun pour faciliter la recherche scientifique, promouvoir la coopération et influencer la politique internationale sur les questions arctiques. Depuis 1994, les communautés autochtones participent de façon permanente à ces dialogues d’importance mondiale. Aujourd’hui, six organismes autochtones ont un siège permanent au Conseil, représentant ainsi plus de 500 000 peuples autochtones sur les 4 millions qui résident dans les altitudes arctiques. Ces six participants permanents disposent d’un droit total de consultation et de parole. Autrement dit, les peuples autochtones contribuent à orienter la recherche internationale et les politiques concernant la région de l’Arctique. 

Ils ne sont pas des États-nations comme ceux édifiés comme suite au Traité de Westphalie, à l’instar des huit pays du Cercle polaire. Toutefois, leur inclusion est une reconnaissance : celle que les perspectives des peuples autochtones et leur expertise des questions arctiques, qui découlent de plusieurs générations passées à vivre dans la région, sont plus qu’utiles à l’heure de formuler les politiques publiques internationales ? elles sont essentielles à une époque où les régimes climatiques ne cessent de changer.

Bien sûr, le Nord de l’Ontario est confronté à des réalités qui ne sont pas les mêmes que dans nos régions circumpolaires. Il n’en demeure pas moins que notre territoire, nos particularités démographiques et notre position régionale unique peuvent être propices à des approches expérimentales et innovantes de la gouvernance. À l’heure actuelle, la FMNO défend les intérêts des villes et des cantons situés dans les sept districts du Nord-Est de l’Ontario, à savoir Algoma, Cochrane, Manitoulin, Nipissing, Parry Sound, Sudbury et Timiskaming. Pour le Nord-Ouest, la NOMA représente les districts de Kenora, Rainy River et Thunder Bay, ainsi que la Ville de Thunder Bay. Les onze districts représentés par ces deux organismes incluent au moins 17 conseils tribaux autochtones dont les points de vue ne sont pas véhiculés par l’intermédiaire de ces forums régionaux. Il n’est pas irréaliste de penser que l’inclusion de ces conseils tribaux pourrait renforcer la qualité des voix représentant le Nord-Est et le Nord-Ouest de l’Ontario.

 Depuis quelques années, la population canadienne entend ses dirigeants politiques parler d’un engagement renouvelé à bâtir des relations de nation à nation. Il est largement reconnu que la réconciliation passe par la détermination à permettre aux peuples autochtones de contribuer de façon significative aux processus décisionnels. En se tournant vers les conseils tribaux autochtones et en les impliquant dans les dialogues régionaux, les dirigeants politiques du Nord de l’Ontario pourraient lancer un exercice novateur en matière de gouvernance tout en renforçant notre capacité à endosser un rôle de premier plan dans les affaires socioéconomiques.

 

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Kathleen Baker est Analyste de Recherche de l’Institut des politiques du Nord.


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