Du réacheminement à la réduction

Le 17 septembre 2018 - Dans la gestion des déchets, le réacheminement fait référence à la réorientation des déchets depuis le site d'enfouissement vers des programmes tels que ceux des boîtes bleues et du compostage. Ce réacheminement est important parce que les sites d'enfouissement ont peu d'espace et qu'ils contribuent à environ 6 pour cent des émissions de gaz à effet de serre en Ontario. Où en sommes-nous donc dans le réacheminement des déchets dans le Nord?

 

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Figure 1. Source : Office de la productivité et de la récupération des ressources, communications municipales (Datacall)

Comme le montre la figure 1, dans plusieurs villes du Nord de l’Ontario les taux de réacheminement sont bien en deçà de la moyenne provinciale de 49,2 %. Les programmes de réacheminement des déchets peuvent également être coûteux (MacBride 2012) et les matières recyclables courantes comme le plastique ne peuvent être infiniment recyclées. C'est là qu'intervient la réduction des déchets, qui ne se limite pas à la collecte porte-à-porte; elle comprend la quantité d'articles et la façon dont ils sont fabriqués, emballés et retournés à l’économie après une première ou une deuxième vie. La réduction des déchets peut être beaucoup plus difficile à réussir que le réacheminement, qui n’est pas autant dicté par les politiques et la réglementation que par les forces du marché et la culture de consommation (Dewees and Hare 1999).

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Figure 2. Source : Office de la productivité et de la récupération des ressources, communications municipales (Datacall)

Bien que la production de déchets dans le Nord varie par rapport à la moyenne provinciale de 354 kg, récemment elle a subi une augmentation, comme le montre la figure 2. En 2015, l'IPN a publié un blogue critiquant l’ancienne Loi de 2002 sur le réacheminement des déchets pour ne pas avoir accordé la priorité à la réduction des déchets et pour s’être inspirée des politiques de responsabilité élargie des producteurs (REP). Il semblerait que grâce à la promotion de la REP, la nouvelle Loi de 2016 favorisant un Ontario sans déchets cherche maintenant à réorienter les programmes de réacheminement des déchets vers une économie circulaire. Dans une économie circulaire, telle que définie par la Loi, on doit : « 1. minimiser l’utilisation de matières premières; 2. maximiser la durée de vie utile de matériaux et d’autres ressources grâce à la récupération des ressources; et 3. minimiser les déchets produits à la fin de la vie utile de produits et d’emballages. »

Le document d'accompagnement Stratégie pour un Ontario sans déchets énonce le besoin de « modifier radicalement notre manière de percevoir les déchets » en Ontario. Pensons à ceci : dans la nature, il n’y a pas de déchets — la vie existe selon des cycles où toute matière est transformée en une autre matière utile à l'écosystème (Hill 2017). On peut concevoir les déchets comme étant un processus par lequel les humains transforment des biens en matières ayant une valeur négative, un processus qui pourrait être considéré dans les économies mondiales comme une forme d’échec du marché. La gestion des déchets est la responsabilité des gouvernements locaux, une tâche qui, d'une certaine façon, commence par l'absorption de la dette. C’est la raison d’être de la REP, qui remet le coût des déchets aux producteurs (MacBride 2012). En théorie et comme indiqué par la stratégie, les politiques de la REP finiront par modifier la qualité de la production des biens afin qu’ils ne deviennent jamais des déchets.

On dit que les déchets de l'un sont le trésor de l'autre, et il est important d'en tenir compte dans les politiques de gestion des déchets qui visent à soutenir une économie circulaire. Aussi cliché que soit ce dicton, un système complet de réduction des déchets reconnaît que les objets qui peuvent être sans valeur pour une personne peuvent valoir quelque chose pour une autre. Au lieu de gaspiller ces biens, les gouvernements locaux peuvent appuyer les systèmes qui aident à les redistribuer aux gens qui y trouvent de la valeur. Pour qu'une économie circulaire puisse fonctionner, il doit y avoir des possibilités pour une économie de seconde main, à laquelle 81 pour cent des Ontariennes et Ontariens auraient participé l'an dernier. De plus, selon l'Indice Kijiji de l'économie de seconde main, en 2017, 2,3 milliards de biens auraient bénéficié d’une deuxième ou troisième vie (ou plus) grâce à l'économie de seconde main au Canada.

Bien que dans la nouvelle Stratégie pour un Ontario sans déchets il est mention d'activités communautaires telles que les ventes-débarras et les marchés aux puces, on n'y offre pas un soutien réaliste pour ces types d'activité qui font partie d'une économie circulaire. Une étude de cas menée par l'organisme VicLETS, un SEL à Victoria, en Colombie-Britannique, a permis de constater que ce système favorise une culture de réutilisation et de recyclage, empêchant ainsi d'envoyer les biens dans les sites d'enfouissement et permettant plutôt de les distribuer à nouveau dans la communauté, tout en cultivant un esprit communautaire ainsi que des liens sociaux. Bien que les SEL aient attiré davantage l'attention du domaine de l'économie, beaucoup de gens participent aux SEL dans le but d'être plus écologiques.

Dans le Nord de l'Ontario, un SEL pourrait être conçu selon le modèle torontois Bunz, une application de troc et d'échange qui à l'origine était sur Facebook et qui permet à ses utilisateurs d'afficher des articles dont ils n'ont plus besoin ou qu'ils ne veulent plus, ainsi qu'une liste d'articles qu'ils accepteraient en échange. Populaire et gratuite, l'application Bunz a introduit le système BTZ, une monnaie numérique qui peut être utilisée pour des échanges entre ses utilisateurs ou pour acheter des biens et services auprès de quelques restaurants et magasins partenaires dans la région de Toronto. Selon le PDG de Bunz, l'application vise à décentraliser l'économie en vue de créer une façon qui permet aux gens d'interagir tout en réduisant la valeur que leur prélèvent les grandes entreprises ou entités.

Mais même si l'appli est disponible à l'échelle mondiale, à l'heure actuelle les unités BTZ ne peuvent être dépensées à l'extérieur de Toronto. Cependant, pour les gouvernements locaux à la recherche de systèmes pouvant appuyer l'économie circulaire et réduire le débit des déchets, l'appli Bunz ou un SEL créé selon le même modèle pourraient représenter une option innovante.


Sources

Dewees, Donald, and Michael Hare. 1999. Reducing, Reusing and Recycling: Packaging Waste Policy in Canada. Toronto: University of Toronto Centre for Public Management.

Hill, Pamela. 2017. Environmental Protection: What everyone needs to know. New York: Oxford University Press.

MacBride, Samantha. 2012. Recycling Reconsidered: The present failure and future promise of environmental action in the United States. Cambridge: MIT Press.

Ontario. 2018. Gestion des déchets. Ce que vous devez savoir sur la façon dont les déchets sont gérés dans la province, y compris le cadre de réglementation pour un Ontario sans déchets. 28 juin. Repéré le 31 juillet, 2018. https://www.ontario.ca/fr/page/gestion-des-dechets.

  

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Rachel Armstrong était une analyste politique pour L'IPN. 


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