Bonjour. Quel accueil réservons-nous aux nouveaux arrivants? Seconde partie

29 septembre, 2020 - Depuis 1976, sept des onze districts des régions de l'Ouest, du Nord et du Centre ontariens ont connu un déclin démographique; tous constatent un déplacement de population. Les collectivités des régions du Nord et de l'Ouest ontariens affichent des niveaux élevés d'exode des jeunes, de faibles taux de natalité et un vieillissement  rapide de la population. En raison du vieillissement d'une grande partie de la population et du manque de jeunes générations pour prendre la relève, des pénuries de main-d'œuvre se produiront sur le marché du travail. Par conséquent, attirer et retenir les immigrants est une étape cruciale pour assurer le maintien des niveaux actuels de qualité de vie, en dépit des difficultés.

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Les collectivités des régions du Nord, de l'Ouest et du Centre ontariens doivent déployer une stratégie de « collectivités accueillantes »; elles ont des agences et s'engagent dans des activités qui facilitent l'intégration des nouveaux arrivants. La politique d'accueil recentre les efforts d'intégration des nouveaux venus dans la société d'accueil, en allégeant partiellement le fardeau de ceux-ci.

Les municipalités et employeurs doivent prendre en main les stratégies d'attraction et de rétention s'ils espèrent attirer des migrants qui s'installent généralement dans des centres plus grands et plus urbains tels que Toronto, Montréal et Vancouver. Les collectivités rurales et nordiques qui ont le plus besoin d'immigrants sont celles qui en reçoivent le moins – pourquoi?

Qu'est-ce qu'une collectivité accueillante?

La documentation sur l'immigration[i] et les conversations avec les nouveaux arrivants font ressortir quelques indices communs des collectivités accueillantes, notamment, un logement convenable, abordable et disponible, des possibilités d'emploi intéressantes et un potentiel d'intégration sociale. La première partie de cette série traitait des indices du logement et de l'emploi; dans le présent article, il est question de l'intégration sociale et des services d'établissement.

Capital social

Si le capital social et l'intégration sont difficiles à mesurer et à suivre, ils sont tout aussi importants, sinon plus, que les indices du logement et de l'emploi. En fait, le logement et l'emploi influencent tous deux le sentiment d'appartenance et le capital social d'un nouvel arrivant; tous les facteurs jouent les uns avec les autres et apportent des contributions à une collectivité d'accueil.

Au sein du capital social, la présence de la famille, d'amis ou d'une collectivité ethnoculturelle établie est un facteur important pour attirer de nouveaux arrivants dans une collectivité et pour les retenir. La présence de réseaux sociaux solides, en particulier avec les membres de la famille ou d'autres nouveaux arrivants, peut influencer des nouveaux venus dans le choix de leur lieu d'établissement. En fait, avant de décider de l’endroit où s'installer les nouveaux arrivants comptent souvent sur leur famille ou d'autres immigrants lorsqu’il leur faut de l’information sur une collectivité.

Malheureusement pour l'Ouest, le Nord et le Centre de l'Ontario, les petites collectivités isolées sont généralement plus homogènes que les grands centres – en matière d'origine ethnique, de culture et de langue – ce qui se traduit par des difficultés d'inclusion sociale pour les nouveaux arrivants.

Le pourcentage d'immigrants par rapport à la population totale est nettement plus faible dans les régions du Nord et de l'Ouest ontariens que la moyenne de l'Ontario, qui est de 29,1 %. Un petit nombre d'immigrants dans ces régions crée une boucle de réactions, où les nouveaux arrivants choisiront de s'installer dans des villes ayant un pourcentage supérieur d'immigrants. Le manque de migrants déjà installés dans les districts de l'Ouest, du Nord et du Centre de l'Ontario peut constituer un obstacle pour de nouveaux arrivants à la recherche d'information de première main sur la collectivité. Ainsi, lorsque de nouveaux arrivants choisissent de s'installer dans ces régions, la rétention est d'autant plus importante pour créer des cheminements d'immigrants.

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Biens et services d'établissement des immigrants

 

Les immigrés installés agissent comme une relation clé au moment d’amener de nouveaux arrivants dans des cercles sociaux de la collectivité, mais des mesures additionnelles sont en place. La présence de cercles de conversation en anglais, de sports pour les jeunes et de possibilités de mentorat dans la collectivité sont d'autres stratégies pour favoriser le capital social des nouveaux arrivants[ii]. De plus, les partenariats locaux en matière d'immigration (PLA) et les Réseaux en immigration francophone (RIF) renforcent la capacité d'une collectivité d’accueillir, de retenir et d’intégrer les immigrants, par l’amélioration de la coordination des services aux nouveaux arrivants.

Les services d'établissement peuvent comprendre des services d'information et d'orientation, des cours de langue et des évaluations, des liens avec la collectivité, des services liés à l'emploi, des évaluations des besoins ainsi que des aiguillages.

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Thunder Bay est la seule ville offrant un service d'évaluation linguistique, lequel peut conduire à des recommandations pour des programmes de formation en anglais et financés par le gouvernement. North Bay est la seule ville qui ne propose pas de service de formation linguistique, bien qu'elle offre des services d'interprétation et de traduction (payants) et des aiguillages pour l’anglais/français langue seconde. En 2019, le Grand Sudbury et North Bay n'ont eu aucun client pour les « services liés à l'emploi », mais la ville de North Bay offrait ce service et le YMCA du Grand Sudbury possédait un centre d'emploi.

Les résultats de précédents projets de recherche sur les nouveaux arrivants ont indiqué que les fournisseurs de services dans les régions du Nord ontarien ont tendance à travailler en vase clos et à manquer de communications cohérentes avec les autres organismes qui fournissent des services[iii]. Bien que soit importante la présence d'organismes de services aux nouveaux arrivants et qui puissent réussir à répondre aux besoins de ceux-ci, ces nouveaux arrivants doivent avoir des renseignements et des connaissances relatifs à ces organismes et à leurs rôles, afin de pouvoir les utiliser pleinement. Par conséquent, les fournisseurs de services d'établissement des régions de l'Ouest, du Nord et du Centre de l'Ontario devraient collaborer pour assurer la cohérence entre les districts et les municipalités, puis afin de favoriser le bien-être dans leurs collectivités.

 

Façons d’élargir l’accueil

Les collectivités de ces régions ont besoin d'immigrants. Les nouveaux arrivants comblent des lacunes essentielles dans les collectivités où ils choisissent de s'établir. En fait, des études suggèrent que les migrants ont tendance à réduire le taux de dépendance des personnes qui n’ont pas l’âge de travailler, sont généralement plus jeunes que la population de la destination et augmentent les investissements dans la région où ils s'installent.

Nos régions ont beaucoup à faire en matière d'accueil des nouveaux arrivants. À noter que la qualité de vie et les facteurs du style de vie ont également été signalés comme importants pour attirer et pour retenir les nouveaux arrivants. Les petites collectivités isolées sont souvent perçues favorablement par les nouveaux arrivants, et ce, pour leur qualité de vie, leur rythme plus lent, leur atmosphère plus calme et leur espace physique généralement agréable. Associées à des coûts inférieurs de logement, nos collectivités devraient, sur le papier, paraître comme des oasis pour les nouveaux arrivants.

Attirer de nouveaux arrivants est la moitié de la bataille, les conserver est l'autre. À l'avenir, il sera essentiel pour les employeurs et les collectivités d'améliorer l'accueil des immigrants dans leur région, puis d'envisager des façons de les retenir après leur installation.

Compte tenu de l'article précédent sur le logement et l'emploi ainsi que du présent article sur les aspects sociaux et les services d'établissement des collectivités accueillantes, voici trois recommandations pour améliorer l'accueil dans nos régions :

  1. Accroître la disponibilité de logements abordables et adéquats.
    1. Joindre des locations de courte durée, des logements de trois et d'une chambre à coucher.
  2. Ajouter des programmes pour combler l’écart entre, d’une part, les titres de compétences, les diplômes et/ou l'expérience professionnelle d'un nouvel arrivant et, d’autre part, les possibilités d'emploi dans la ville d'accueil.
    1. Ces programmes pourraient inclure une formation linguistique et des attestations de compétences.
  3. Mettre l'accent sur la rétention des nouveaux arrivants, notamment par la promotion de programmes et d'activités pour favoriser le capital social, ainsi que la centralisation des services d'établissement des nouveaux arrivants.

 

Nous devons nous efforcer de commercialiser nos caractéristiques attrayantes et de combler nos lacunes. Grâce à une stratégie de collectivités accueillantes, les districts peuvent accueillir, attirer et retenir les nouveaux arrivants, ce qui profite aux membres des collectivités dans leur ensemble et pour les années à venir.

 

[i] Painter, Carla Valle. 2013. « Sense of belonging. Literature review. » Citoyenneté et Immigration Canada Offert en ligne à https://pdfs.semanticscholar.org/4436/29b65883ce76694f9424c8001db003b9a11a.pdf.
[ii] Janzen, Rich, Thea Enns, Lihua Yang, Shelly Jun, Mischa Taylor, Joanna Ochocka et Jess Notwell. 2019. « Outcome Inventory: Evaluating Refugee Programs. » Centre for Community-Based Research.
[iii] Hager, Hilary. Sous peu. « Asset Mapping. » Institut des politiques du Nord.

 

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Mercedes Labelle est une analyste de recherche.

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