Faire sauter la banque (d'alimentation)

11 janvier 2021 - Ce blog est apparu pour la première fois dans The Walleye Magazine, janvier édition.

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Les banques d’alimentation peuvent être une ressource vitale pendant une année normale. Cela ne peut être qu’encore plus le cas en cette période de pandémie-récession. Après la fermeture, plus tôt cette année, de la plupart des banques d’alimentation de Thunder Bay, des organisations locales ont dû prendre le relais pour répondre à la demande grandissante.

Une banque d’alimentation centralisée sur les terrains de la CLE, plus tôt dans la pandémie, n’était certainement pas située à un endroit idéal, avec de nombreuses personnes devant traverser la ville en autobus et faire la queue avec des centaines d’autres individus. D’autres organisations ont fait leur possible pour combler les lacunes. Prenons par exemple le Dew Drop Inn qui a servi plus de repas de janvier à octobre 2020 que pendant 2019 au complet. Compte tenu de la situation actuelle, de tels efforts doivent être consentis partout en province, et même partout au pays.

Feed Ontario, anciennement l’Ontario Association of Food Banks, est un réseau provincial de plus de 1200 banques d’alimentation et d’organisations de lutte contre la faim. L’organisation cherche à trouver des solutions à long terme à la pauvreté. Ses membres obtiennent et distribuent plus de 5 millions de livres d’aliments frais et non périssables chaque année.

L’achalandage était déjà en hausse dans les banques d’alimentation avant la pandémie. Feed Ontario indique que du 1er avril 2018 au 31 mars 2019, plus de 500 000 personnes ont fait appel à des banques d’alimentation, y faisant 3 059 000 visites au total. L’année suivante, ces visites totales avaient atteint 3,28 millions. Il ne faut pas être surpris que les personnes et les familles visitaient surtout les banques d’alimentation parce que leurs revenus étaient insuffisants pour leur permettre de répondre à leurs besoins fondamentaux chaque mois.

Feed Ontario publie des rapports annuels et propose dans son site Web une carte interactive de l’utilisation des banques d’alimentation. Les données du Tableau 1 ci-dessous sont tirées de cette carte. Le tableau montre l’utilisation des banques d’alimentation, le revenu médian des ménages, le nombre total de visiteurs et la population pour chaque zone géographique.

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Selon le Tableau 1, en 2018, Thunder Bay – Atikokan arrive au troisième rang de l’utilisation de banques d’alimentation dans la province, derrière Ottawa – Vanier et Hamilton Centre seulement. Une autre observation intéressante : il serait normal de penser que les régions ayant un faible revenu médian des ménages auraient aussi une plus forte proportion de leur population vivant aux alentours du seuil de la pauvreté, ce qui traduirait par une utilisation plus importante des banques d’alimentation. Cela est vrai pour Hamilton Centre, mais le tableau montre que Thunder Bay – Atikokan ne se conforme pas à cette logique. Nous voyons que notre région arrive au troisième rang pour le revenu médian des ménages le plus élevé, comparativement à d’autres régions.

Une mesure standardisée de la pauvreté est la proportion de la population qui gagne la moitié du revenu médian. Selon cette mesure, la moitié du revenu médian pour Hamilton Centre serait de 22 622 $ et de 35 487 pour Thunder Bay - Atikokan. Dans l’ensemble, en tenant compte de ces renseignements, nous pouvons conclure que soit :

  1. A) La proportion de la population de Thunder Bay qui fait appel à des banques d’alimentation est en relativement meilleure posture que celle de Hamilton Centre, ou soit
  2. B) Les résidents de Thunder Bay - Atikokan qui utilisent les banques d’alimentation se trouvent dans une situation semblable aux utilisateurs de Hamilton Centre et se trouvent encore plus en-deça du seuil de pauvreté local.

D’une façon ou d’une autre, il est apparent qu’un nombre élevé de résidents de Thunder Bay - Atikokan utilisent les banques d’alimentation, même si d’autres régions voient davantage de visites par utilisateur.

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Bien sûr, 2020 a été une année unique, avec la pandémie actuelle de COVID-19 menant à une hausse importante du chômage en mars et en avril, dont l’économie peine à se relever. Il ne devrait donc pas être surprenant que les banques d’alimentation ont noté une augmentation de la demande au début de la pandémie et que la moitié des utilisateurs questionnés ont peur de devoir être obligés de quitter leur logement.

Ceux et celles en bas de l’échelle de distribution des revenus ont eu à composer avec le taux le plus élevé de mises à pied, les industries embauchant la plus forte proportion de travailleurs gagnant le salaire minimum – restauration et service d’hébergement, ainsi que vente au détail – ayant aussi perdu le plus d’emplois. Ce sont là les personnes qui utilisent généralement les banques d’alimentation pendant des années normales, ce qui signifie qu’elles en dépendent encore plus maintenant, malgré les efforts du gouvernement pour stimuler l’économie.

Avec l’année 2020 derrière nous, il semble peu probable que la situation va encore se dégrader. L’arrivée d’un vaccin contre la COVID-19 devrait être un moment déterminant dans la lutte contre le virus. On ne peut qu’espérer qu’une forte reprise économique pourra commencer à renverser les dommages causés par la pandémie et nous permettre de faire de nouveaux gains dans la difficile lutte contre la pauvreté.  

 

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Raven Wheesk est économiste pour l'IPN.


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