Éclaircissements sur le sens du mot « Innovation » et Programme de stages pour les jeunes dans le se

28 août, 2015 - Dans le Nord ontarien, l'environnement est l'un des plus gros moteurs économiques et, à première vue, trouver une façon de gagner sa vie sur sa terre pourrait paraître une approche fertile pour ceux qui manquent d'idées. Dans un contexte mondial hypernumérisé, les industries classiques du Nord ontarien pourraient ne pas être perçues comme des secteurs capables de trouver de nouvelles façons d'engendrer un bénéfice tout en misant sur le capital humain (Hall et Donald, 11), dont une désignation mieux connue est les avoirs non financiers, tels l'éducation, les idées et le savoir, qui procurent aux personnes un avantage social (Crossman).  

« Une bonne partie de la recherche sur l'économie du savoir contemporaine débute par l'hypothèse que les facteurs économiques ont évolué, depuis les ressources et les attributs physiques classiques vers le nouveau savoir et les innovations », disent Heather Hall et Betsy Donald. « Alors, la production d'idées est le moteur de la nouvelle économie du savoir » (2). Face à une économie fondée sur les industries des ressources naturelles, il peut être dit que les points forts du Nord ontarien se trouvent dans l'innovation progressive – qui produit de nouvelles valeurs à partir de ses marchés manifestement forts. Rivaliser avec d'autres pays pour la médaille de l'approche axée sur la technique et pour devenir le champion de la plus nouvelle idée ne rendrait pas service au Nord ontarien puisque c'est en continuant de miser sur son avantage géographique qu'il se distinguera des concurrents mondiaux en matière d'innovation (Hawkins, 18).  

Bien que certains des centres urbains canadiens plus gros soient reconnus pour dominer par leur capacité de création, eux aussi ont profité des avantages économiques de l'industrie des ressources naturelles. Metro Vancouver emploie directement quelque 15 000 personnes dans la fabrication de produits du bois, cependant, à Toronto, 60 p. 100 des sociétés cotées en bourse sont dans les mines, l'énergie, les technologies propres, les services publics ou les produits forestiers (Chambre de commerce canadienne, 2).Ces centres embourgeoisés et urbains ne s'appuient pas nécessairement sur la commercialisation de simples idées.

Le terme innovation est assez flou, dépourvu de définition universelle. « Couramment, écrit Richard Hawkins, Ph. D., l'innovation sert d'équivalent interchangeable d'invention [et] est souvent synonyme de technologie », ce qui, prétend-il, est un usage impropre (9). Il écrit, « [à] ce jour, pratiquement toutes les stratégies et mesures ainsi que tous les programmes des gouvernements fédéral et provinciaux au Canada [. . .] continuent de promouvoir la R. et D. des industries et/ou de favoriser la croissance d'entreprises qui démarrent, surtout dans les secteurs des biens technologiques » (Hawkins, 10).

L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) définit l'innovation par « l'introduction d'un produit, d'une méthode ou d'un processus nouveau ou considérablement amélioré, [qui] est la clé de l'accroissement de la productivité » (Rapport ministériel de l’OCDE, 1). En 2008, dans le Budget de l'Ontario, se trouvait un fonds ontarien de recherche de 250 millions de dollars, à répartir sur une période de cinq ans. Cela devait servir à financer de nouvelles infrastructures de recherche, tels des laboratoires, puis de l'équipement nécessaire à l'amélioration des capacités des établissements de recherche universitaires, dont dépend le gouvernement pour stimuler l'innovation (Programme d'innovation de l'Ontario, 8). En ce qui concerne 2007, l'OCDE a révélé que le Canada se classait deuxième pour l'aide gouvernementale indirecte à l'innovation, par des incitations fiscales pour la recherche et le développement, puis qu'environ 53 p. 100 des produits nouveaux sur le marché étaient attribuables à de la recherche et à du développement internes de 2004 à 2006 (Rapport ministériel sur la Stratégie de l'OCDE pour l'innovation, 7, 15). En 2014, il était prévu que les dépenses intérieures brutes en recherche et développement atteignent 30,6 milliards de dollars, comparativement à 30,7 milliards de dollars en 2013 (Statistiques Canada, dépenses totales au titre de la recherche et du développement 2014) (intentions). Toutefois les entreprises canadiennes se trouvent au bas de l'échelle des investissements en recherche et développement, comparativement aux autres pays de l'OCDE. Le financement des entreprises en recherche et développement représente 0,88 p. 100 du PIB – pourcentage qui peut facilement correspondre à du sous-investissement (Mckenna).

De quoi le Nord ontarien a-t-il l'air de ce point de vue technocentrique? En décembre 2014, la FedNor annonçait un investissement de 3,1 millions de dollars dans le Programme de stages pour les jeunes dans le secteur privé; l'administration a été déléguée à la Lake of the Woods Business Incentive Corporation et à la Nord-Aski Regional Economic Development Corporation. À ce jour, dix candidats ont réussi dans le Nord-Est, l'intérêt ayant été surtout attisé par des stratégies d'approche directe telles que des visites jusqu'aux frontières afin de parler personnellement aux propriétaires d'entreprises. Ce programme a été initialement commercialisé à l'aide de journaux locaux, ce qui n'avait pas éveillé d'intérêt. Avec des formes de publicité générales et une appréhension inhérente face aux obligations en matière d'administration et de rapports qui accompagnent le financement gouvernemental, les propriétaires d'entreprises auraient paraît-il l'impression d'être parfois défavorisés lorsqu'il s'agit d'accès à du financement. À cela s'ajoute le critère des trois catégories : aux fins de la qualification, les responsabilités du stagiaire doivent être en rapport avec l'innovation, la technologie de l'information et des communications ou l'exportation/commerce (Lake of the Woods Business Incentive Corporation). Au premier coup d'œil, ces trois catégories semblent exclusives, et peuvent laisser croire que beaucoup de petites et moyennes entreprises peuvent être inadmissibles en raison de la nature de leurs activités.

Il n'est pas nécessaire que les exploitants des entreprises modifient les responsabilités initialement prévues d'un stagiaire, et ce, afin d'être admissibles au programme; il suffit plutôt de saisir la nature de l'un de ces secteurs, afin que les responsabilités du stagiaire soient connexes. La recherche qui a pour objet de diversifier la gamme des produits d'une entreprise est innovatrice; créer une base de données ou une réserve d'information permettant de suivre les tendances commerciales ou celles des consommateurs est une forme de technologie de l'information. Cultiver de bonnes relations commerciales ou élaborer une stratégie relative à la façon de renforcer ces relations relève du domaine des échanges. Vous n'avez pas à devenir un modèle du secteur même. Tout ce qui est demandé aux propriétaires d'entreprises, c'est de l'ouverture et un degré de souplesse facilitant l'expansion. En ce qui a trait aux chiffres, la FedNor financera jusqu'à 50 p. 100 des coûts admissibles pour un stage de 12 mois dans une petite ou moyenne entreprise et pour un montant maximal de 31 500 $ (FedNor, Lake of the Woods Business Incentive Corporation).

Les stages permettent aux collectivités du Nord de conserver leur bien les plus précieux – leur population, en lui offrant des opportunités. Dans le Nord-Ouest, des stages pour l'élaboration de base de données sur l'indice de moisissure, les TIC, le développement de sites Web et le marketing électronique ont été approuvés pour le programme, entre autres, dans les domaines du tourisme et de la vente au détail. Dans l'Enquête sur le financement et la croissance des petites et moyennes entreprises, 2011, de Statistique Canada, il a été signalé qu'un tiers des répondants du Nord ontarien voyaient les pénuries de main-d'œuvre comme obstacle à la croissance et à l'expansion (FedNor). Les stages pour les jeunes dans le secteur privé permettent non seulement aux propriétaires d'avoir le capital humain nécessaire à l'expansion de leur entreprise, ils aident aussi à moderniser leurs activités et il sera ensuite possible de mieux concurrencer sur de nouveaux marchés. « Le capital humain est l'essence de l'innovation, écrit l'OCDE, [. . .]. L'innovation exige une grande variété de compétences ainsi que la capacité d'apprendre, d'adapter ou de recycler, en particulier après l'introduction de produits ou procédés radicalement nouveaux (Rapport ministériel sur la Stratégie de l'OCDE pour l'innovation, 9).

« Les attitudes et interventions politiques, dit Hawkins, Ph. D., demeurent étrangement associées à une forme beaucoup plus antérieure de conversations sur l'innovation » – p. ex., à un moment où la technologie faisait des pas de géant, pendant l'élaboration de la politique nationale sur l'innovation dans les années 1980 et 1990 (7-8). Il se peut que les réticences du public face aux critères du Programme de stages pour les jeunes dans le secteur privé illustrent bien l'idée socialement répandue que l'innovation signifie technologie, puis qu'innovation et invention désignent la même chose. Ce n'est pas le cas. Pour que les entreprises du Nord ontarien puissent élargir leurs marchés au-delà les frontières locales, il leur d'abord avoir l'opportunité de renforcer leurs capacités sur leur marché local – à savoir, acquérir du capital social, ce qui commence par l'accès à une main-d'œuvre qualifiée. Le stage pour les jeunes dans le secteur privé offre cette chance aux propriétaires d'entreprises qui ont un potentiel et un désir de croissance – sans abandonner leurs racines locales, mais en naturalisant leur marché sous de nouveaux climats, tout en prospérant là ils sont enracinés.

Par Mandy Masse

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