Y a-t-il de l'espoir dans la menace séparatiste du Nord?

14 mars, 2016 - Dans l'article de février, j'ai parlé de la façon de procéder à un virage vers la représentation proportionnelle au lieu de notre système électoral actuel, l'élection à la majorité simple, ce qui donnerait davantage de pouvoir au Nord ontarien au siège du pouvoir là-bas à Ottawa. Détail intéressant, pendant que je travaillais sur l'ébauche du présent document, quelqu'un d'autres ranimait une idée susceptible de donner plus de pouvoir au Nord ontarien au regard de son propre avenir, ici même : la séparation! Vive le Nord ontarien libre!

Une personne, Trevor Halliday, a lancé une pétition en ligne, par laquelle il demandait la création de la province du Nord de l'Ontario. Au moment de ma rédaction, la pétition avait 3 815 sympathisants. Un article du Sudbury Star, traitant de cette pétition, comportait aussi un sondage sur le sujet; là, les résultats ont été 2 441 pour, 744 contre.

Même avec l'hypothèse que les 2 400 voteurs du Sudbury Star et les 3 800 signataires de la pétition n'était pas dans une large mesure les mêmes personnes, le total est néanmoins bien loin du seuil de 10 000 sympathisants que le Parti du patrimoine du Nord de l'Ontario (PPNO) a obtenu en octobre 1977, au stade où il devenait un parti officiel de l'Ontario. Hélas pour le PPNO, les premiers porte-étendards du « traitez-nous mieux ou nous vous quittons », les choses se sont détériorées par la suite : seulement 200 cartes d'adhésion vers 1981, puis rien que quatre membres en règle en 1985. Bien que le PPNO ait été ranimé en 2010 et cherche encore à obtenir de meilleurs arrangements pour le Nord ontarien (ne demandant pas la séparation si nous n'avons pas d’arrangements), cela est généralement ignoré des électeurs.

Cela, peu importe les mérites de nos atouts aux yeux de Queen's Park ou d'Ottawa, est le nœud du problème dans le débat séparatiste. Si, nous les gens du Nord ne prenons pas au sérieux cette option (et nous ne le faisons pas), personne d'autre ne le fera non plus.

Alors, la séparation pourrait-elle plus attrayante pour les gens du Nord? Peut-être, mais il y a peu de chances de gagner. De travaux, entre autres, de l'économiste de Lakehead, Livio Di Matteo, ont montré que le rendement fiscal de la séparation ou de l'annexion au Manitoba est au mieux le point mort. Pourquoi consacrer du temps, faire des efforts et des dépenses pour une séparation qui nous placerait dans une situation à peine meilleure?

Une vague de prospérité dans les ressources naturelles, reposant sur le Cercle de feu ou simplement une reprise sur les marchés mondiaux, pourrait potentiellement inciter vraiment le Nord à conclure une meilleure entente avec Queen’s Park ou à choisir sa propre voie. Surtout si la perception était que la surréglementation, la mauvaise gestion ou simplement la négligence nuisait aux possibilités de croissance et de prospérité, ici, dans le Nord.

L'extraction des ressources naturelles a joué une grande part dans la croissance de l'Ontario. L'infrastructure de base sur laquelle ont reposé les services et la société du Sud (et dont elle continue de dépendre) a été, dans une large mesure, payée par la richesse découlant des extractions dans le Nord. Il y a un certain ressentiment à propos de ce compromis, pas tout à fait au niveau de ce qu'éprouve la population de Terre-Neuve et du Labrador au sujet des chutes Churchill, mais il existe. La passion du « contre n'importe quoi » suffit certainement pour influencer radicalement l'opinion publique; demandez simplement à un certain nombre de premiers ministres.

Évidemment, le revers de ces arguments est que les frictions, existantes ou potentielles, sont facilement abordées par des changements bien en-deçà de la séparation. La honte est que nous, de l'autre côté de la table des négociations, passons rapidement du rejet de la séparation à celui d'à peu près toute forme utilise de dévolution de pouvoirs. Nota : la dévolution des pouvoirs n'est pas la même chose que le délestage des responsabilités. Il y a eu beaucoup de délestage de coûts, mais les autorités législatives et organismes de réglementation sont encore fermement centralisés, loin de nos cœurs et de nos maisons. Du moins ici, dans le Nord ontarien.

La Colombie-Britannique a depuis un certain temps des administrations régionales qui prennent des décisions majeures dans les domaines des infrastructures et des investissements dans le transport régional. La province de Québec fait actuellement des essais d'organismes régionaux, où sont mélangés des décisionnaires autochtones et non autochtones, à l'abri de l'influence de Québec. Certes, une certaine autonomie a été dévolue à d'autres Ontariens, ce qui nous est encore refusé dans le Nord. Des administrations régionales existent dans le Sud ontarien; elles prennent des décisions et investissent dans des services régionaux cruciaux. Toutefois ces améliorations en matière d'autonomie locale arrêtent à la rivière des Français.

Il peut y avoir eu de « bonnes » raisons historiques à propos de cette approche à deux paliers pour la citoyenneté et l'imputabilité en Ontario, mais compte tenu des demandes existantes pour davantage d'autonomie et de contrôle local, il semble que le moins que puisse faire la province serait de revoir ces options. Nous pourrions aussi attendre de voir si M. Halliday peut changer ses 3 800 en 38 000.

Par Charles Cirtwill, président et chef de la direction de l'Institut des politiques du Nord. Première publication dans Northern Ontario Business, en mars 2016.

 

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