Un demi-pain? Tirer la valeur maximale du Cercle de feu

9 août, 2014 - Lorsque j’étais jeune, nous avions un voisin qui avait un bocal de pièces de monnaie. Lors de la visite d’enfants, il présentait le bocal et disait « prends-en autant que tu veux ». Si quelqu’un en prenait trop, le poing ne pouvait pas sortir du bocal. Leçon apprise.

Pendant que le développement du Cercle de feu ira de l’avant, les personnes en cause devront prendre des décisions difficiles à propos de la quantité de richesse du Cercle qu’il convient de garder puis de laisser aller.

À ce stade, il y a de nombreux scénarios relatifs aux endroits où la chromite du Nord pourrait aboutir. Il est certain que le minerai brut sera réduit en concentré sur les lieux de la mine, mais après cela c’est une affaire de supposition. Lorsque Cliffs Natural Resources faisait les manchettes, le plan était d’expédier le concentré à Sudbury afin de le transformer en ferrochrome à une nouvelle fonderie qui serait construite à Capreol.

Actuellement, il y a matière à débat, à savoir, si la chromite du Cercle parviendra un jour à une fonderie de l’Ontario en raison des coûts de l’électricité de la province. Le Québec et le Manitoba vendent leur électricité aux industries à moins de trois cents le kilowattheure (kWh); quant aux coûts de l’Ontario, ils reposent sur le marché au comptant où le prix est souvent le double.

À part l’intervention du gouvernement, il n’y a rien qui empêcherait une entreprise d’expédier la chromite directement dans une autre province ou un autre pays. Au minimum, les gens du Nord veulent que la chromite soit transformée en ferrochrome dans le Nord.

Le sommet de la chromite à valeur ajoutée serait la production d’acier inoxydable à partir du ferrochrome, mais l’industrie n’existe pas au Canada. Un seul pays dans le monde possède les quatre ressources nécessaires à la fabrication de l’acier inoxydable, en combinant l’électricité, le fer, la chromite et le nickel à bon marché : le Canada Grâce au Cercle de feu, la chromite, le fer et le nickel peuvent tous se trouver dans le Nord ontarien. Toutefois, l’électricité à bon marché se trouve dans ses provinces voisines.

Il ne faudrait pas demander aux entreprises de payer des tarifs supérieurs si l’électricité est moins coûteuse à proximité, à moins d’avoir d’autres facteurs qui compensent ce coût. L’introduction de tarifs d’électricité subventionnés pour les entreprises du Nord serait une approche pour concurrencer le Québec et le Manitoba, bien qu’au détriment de tous les Ontariens.

KWG Resources, un des acteurs clés dans le Cercle de feu tente activement de développer un procédé de fusion au gaz naturel. Si l’entreprise réussit et la fusion au gaz devient moins coûteuse que l’électricité en Ontario, les coûts du gaz étant concurrentiels en Ontario, il y aurait donc égalité de concurrence. Le Nord aurait alors toutes les ressources nécessaires pour y fabriquer le ferrochrome. Si KWG trouvait cette solution de rechange pour la fusion, un paysage industriel très différent dans le Nord ontarien serait possible. D’ici là, l’avenir du Cercle de feu et de sa chromite repose sur les réalités existantes.

Quelle que soit l’énergie utilisée pour la fusion du fer, du nickel ou de la chromite aux fins des produits finis, une très grande chaleur est requise. Lors de la fabrication d’acier inoxydable, tous ces ingrédients doivent être refondus, utilisant davantage d’énergie. Le secret de la fabrication efficiente de l’acier inoxydable est d’avoir des procédés de fusion combinés et de recycler la chaleur. Ainsi, les métaux peuvent être conservés chauds pendant qu’ils sont transformés en acier inoxydable.

Ce procédé qui économise de l’énergie sert déjà en Finlande, l’un des plus gros fabricants mondiaux d’acier inoxydable. Les inefficacités de la Finlande tiennent au fait de devoir expédier certaines des matières premières à de grandes distances. Les coûts de l’électricité de la Finlande sont également supérieurs à tous ceux du Canada. L’on y payait 7,5 cents par kWh en 2013, ce qui était plus que le double qu’au Québec et au Manitoba.

Est-ce que le modèle finlandais, joint à la proximité des ressources, permettrait à l’Ontario de concurrencer sur le marché mondial de la production d’acier inoxydable? Même si la réponse était affirmative, les investisseurs commerciaux voudraient toujours un rendement maximal, ce qui ferait qu’une exploitation québécoise ou manitobaine serait encore plus rentable.

La chromite du Cercle de feu, nous l’espérons, sera transformée en ferrochrome au Canada et (ce qui serait très souhaitable) en acier inoxydable fabriqué au Canada. Toutefois, cela pourrait devoir se faire en partenariat avec l’un des voisins provinciaux de l’Ontario.

D’après mon expérience d’enfant chez mon voisin, je sais que je n’aurais pas sorti ma main du bocal sans avoir lâché certaines de ces pièces de monnaie. La solution de rechange était de briser le bocal. Il faudrait donc peut-être s’attaquer au statu quo des coûts de l’électricité pour les industries du Nord ontarien. S’aligner sur les prix du Québec et du Manitoba pourrait être la seule solution pour bénéficier pleinement du Cercle de feu dans la mainmise sur le Nord.

Par Rick Millette

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