Tourisme autochtone : Points à retenir pour le Nord ontarien?

16 janvier 2017 - Voici un casse-tête : 20 p. 100 des « affaires touristiques autochtones …se trouvent en…Colombie-Britannique », laquelle attire « un visiteur sur quatre ». En même temps, l'Ontario a 31 p. 100 de toutes les affaires touristiques autochtones au Canada; cette province attire 2 p. 100 des visiteurs de ses « marchés clés ont connu la culture [autochtone]  en 2012 ». Cette différence signifie que l'industrie touristique autochtone du Nord ontarien peut encore croître amplement. Puisque la Colombie-Britannique jouit d'une demande supérieure pour cette sorte de tourisme, elle peut offrir plusieurs pratiques exemplaires pour la création d'un secteur touristique autochtone plus dynamique dans le Nord. Ces leçons peuvent produire des retombées positives, dont des revenus accrus, une économie plus grosse et diversifiée, des liens sociaux plus solides entre les collectivités et les Premières Nations[1].

Il y a « tourisme culturel » autochtone lorsqu'un visiteur participe aux activités culturelles authentiques qui inspirent du respect pour des coutumes autochtones uniques. Ce terme se réfère aussi aux « entreprises touristiques qui sont majoritairement détenues par des Premières Nations, ou des individus Métis ou Inuits, et qui ont un lien avec la communauté autochtone et le territoire traditionnel ou les opérations courantes de l’entreprise sont conduites ». À cet égard, la Colombie-Britannique est un chef de file de l'industrie. Depuis les années 1990, ce secteur a connu une croissance incroyable dans cette province, grâce à l'aide de l'Aboriginal Tourism Association of British Columbia (ATBC). De plus, depuis 2006, ce secteur a plus que doublé son revenu et, en 2011, engendrait 12 millions de dollars en recettes fiscales pour la province.

Par contre, le développement de l'industrie touristique autochtone du Nord de l'Ontario a été un peu différent. En 2000, la Northern Ontario Native Tourism Association (NONTA), qui avait aidé divers groupes de Premières Nations au cours des années 1990, a dû cesser ses activités par suite de problèmes de financement. Ce n'est qu'en 2014 que l'Aboriginal Tourism Ontario Association (ATOA) a été créée; elle aide des entreprises touristiques autochtones par le marketing, les compétences, le « développement de produits » et les projets liés à l'« authenticité culturelle »[2]. En outre, l'ATOA a récemment organisé une deuxième conférence commerciale annuelle, au cours de laquelle ont été discutées les diverses initiatives en rapport avec le « développement économique », les partenariats et l'expérience des visiteurs.

Le travail de l'ATOA est complété par Tourism Northern Ontario (TNO), organisme créé en 2009 afin de s'occuper des activités touristiques de la région. Bien qu'il n'y ait pas d'association touristique autochtone générale pour le Nord ontarien, TNO aide des entreprises bien connues telles que le Sentier du Cercle du Grand Esprit (SCGE), sur l'île Manitoulin[3]. Malgré ces associations et les divers projets qu'elles élaborent, la croissance du secteur touristique autochtone du Nord ontarien est encore restreint en raison de problèmes tels que des partenariats faibles[4].

Compte tenu de ces différences, il y a deux pratiques particulièrement importantes de la Colombie-Britannique et dont le Nord ontarien pourrait se servir pour développer davantage ce secteur. D'abord les partenariats. Selon la TNO, la Région 13, qui est la plus grande région touristique du Nord de l'Ontario, tend à être « fragmentée » lorsqu'il s'agit de tourisme autochtone[5]. En fait, dans la seule Région 13A, 70 p. 100 des entreprises touristiques autochtones ont déclaré qu'il y avait « très peu… de soutien pour des opportunités de partenariat »[6]. Par conséquent, le Nord ontarien devrait faire davantage pour mettre sur pied des partenariats avec non seulement les entreprises locales et touristiques, mais aussi avec le gouvernement provincial.

Selon un rapport récent de l'ATBC, le renforcement des partenariats est important parce que ces relations ont des retombées positives sur l'industrie touristique. Cela comprend le « marketing […] commun », les possibilités de formation comprennent le marketing commun, le développement de compétences et des programmes de formation[7]. Puisqu'il a été signalé qu'il y a manque de compétences et de programmes de formation dans le Nord ontarien, l'industrie touristique autochtone de la région pourrait bénéficier, socialement et économiquement, de la mise sur pied systématique de partenariats[8].

Le marketing est également crucial, et il est un des piliers fondamentaux de l'industrie touristique autochtone florissante de la Colombie-Britannique. Inversement, c'est un secteur que le Nord ontarien n'a pas encore développé entièrement. Cette faiblesse a été signalée dans un rapport par le groupe du Sentier du Cercle du Grand Esprit et d'autres en 2011; il y était déclaré que 69,5 p. 100 des entreprises autochtones avaient l'impression d'être très peu soutenues lorsqu'il s'agissait de « projets de coopération en matière de marketing et d'image de marque ». Comparativement, la Colombie-Britannique s'est engagée dans des campagnes de marketing intensives en ligne et imprimées, dans lesquelles ses partenariats servent et qui font participer les clients potentiels à des concours de marketing en ligne et dans les médias sociaux.

Alors qu'est-ce que le Nord ontarien peut retirer de cela? D'abord et surtout, toutes les sortes de débouchés du marketing devraient servir en ligne et ailleurs. Ensuite, les partenariats sont des plus précieux lorsqu'il s'agit de marketing. Si le Nord ontarien pouvait approfondir ses relations avec divers organismes, cela pourrait aider à attirer non seulement des personnes dans le Nord ontarien, mais aussi des ménages au-delà de la région. Pareil résultat pourrait renforcer l'économie du Nord et créer des liens plus forts avec les entreprises autochtones.

Il est très évident qu'il y a une différence importante entre le statut de l'industrie touristique autochtone en Colombie-Britannique et celui du Nord ontarien. Ce n'est toutefois pas dire que le Nord ontarien ne fasse pas d'efforts. En fait, ces dernières années, le Nord ontarien a analysé divers modèles provinciaux, dont celui de la Colombie-Britannique, puis élaboré des projets tels que l'« initiative du développement et du marketing des produits touristiques autochtones » entre TNO et le SCGE[9]. Clairement, le Nord ontarien reconnaît que ces stratégies auront des effets positifs, et il s'efforce de les utiliser. Cela aidera certes le secteur touristique autochtone de l'Ontario à poursuivre sa croissance, mais se traduira aussi par des avantages économiques et sociaux tels qu'une « diversification économique » et des relations plus solides[10].


Rachel Beals est une stagiaire politique à l’Institut des politiques du Nord.

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[1] Rhonda L.P. Koster et Raynald Harvey Lemelin, « The Forgotten Industry in the Forgotten North: Tourism Developments in Northern Ontario », dans Governance in Northern Ontario: Economic Development and Policy Making, éd. par Charles Conteh et Bob Segsworth, (Toronto : University of Toronto Press, 2013), p. 164.

[2] Tourism Northern Ontario and Great Spirit Circle Trail Inc, 2014 Aboriginal Tourism Product Development & Marketing Initiative Region 13A (Tourism Northern Ontario and Great Spirit Circle Trail Inc., 2014), 6. 

[3] Ibid. TNO and GSCT, 4, 18.

[4]  Koster et  Lemelin, 164, 169, 173; Stephen W. Boyd et Richard W. Butler, « Definitely not Monkeys or Parrots, Probably Deer and Possibly Moose: Opportunities and Realities of Ecotourism in Northern Ontario », Current Issues in Tourism 2, n° 2-3 (1999) : 130, 132, accès du 14 mai 2016, DOI : 10.1080/13683509908667848.

[5] TNO and GSCT, 20.

[6] Ibid. TNO and GSCT, 44.

[7] The Great Spirit Circle Trail, Aboriginal Tourism Ontario Strategy: Moving Forward in 4 Directions, (The Great Spirit Circle Trail, 2011), 6; Raynald Harvey Lemelin, Rhonda Koster et Nicholina Youroukos, « Tangible and Intangible Indicators of Successful Aboriginal Tourism Initiatives: A Case Study of Two Successful Aboriginal Tourism Lodges in Northern Canada », Tourism Management 47 (2015) : 324, accès du 15 mai 2016, DOI : 10.1016/j.tourman.2014.10.011.

[8] GSCT, 15.

[9] TNO and GSCT, 3, 23-33. 

[10] Koster et Lemelin, 164.

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