Subventions pour la participation et l'engagement des parents

Qu’est-ce qui est financé dans le Nord ontarien?

20, mai, 2015 - C’est la période des demandes de subventions des parents dans les écoles de tout le Nord ontarien. Chaque mai, les conseils de parents des écoles se précipitent pour tirer avantage des Subventions pour la participation et l’engagement des parents (PEP), du ministère ontarien de l’Éducation. Peu d’entre eux se demandent ce qui est financé et pourquoi. De plus, quel sont les effets réels dans les écoles du Nord ontarien?

Les conseils scolaires se targuent publiquement de leur part des subventions provinciales pour les activités des parents, qui sont accordées depuis 2006. Il y cinq mois, Norm Blaseg, directeur de l’Éducation pour le conseil scolaire du district de Rainbow, a cru bon d’émettre le communiqué de presse habituel, qui traitait des 10 425 $ accordés à 12 écoles de la région de Sudbury, soit en moyenne quelque 868,00 $ par école.

« Les parents sont des partenaires importants du processus d’apprentissage, déclarait Blaseg, et la recherche a montré que la participation des parents […] a un effet positif sur les résultats des élèves et sur le rendement scolaire global. » De telles déclarations, tout comme celles sur la tarte aux pommes et la maternité, sont rarement contestées dans le monde de l’éducation, et c’est également le cas pour les programmes ayant prétendument pour objet de promouvoir la participation des parents.

En Ontario. depuis 2006, le ministère de l’Éducation a accordé plus de 24 millions de dollars, afin de financer 15 000 subventions de Participation et engagement des parents (PEP) à des conseils scolaires locaux, puis à 568 subventions régionales — toutes destinées à accroître la « participation des parents » dans les écoles.

Regarder de plus près les subventions de PEP accordées aux écoles en 2014-2015 est considérablement révélateur. Des quelque 2 279 projets scolaires approuvés dans l’ensemble de la province et totalisant 2 millions de dollars, seulement à peu près 100 étaient accordées aux écoles du Nord ontarien, en tout 104 670 $.

Dans le Nord, il y a eu le financement de 88 projets anglais, pour une somme de 81 670 $, soit 15 au conseil scolaire de district Near North (14 335 $); 13 au CDSB de Sudbury (12 785 $); 1 ou 2 au CDSB du Nord-Ouest (2 – 1 650 $); 1 au CDSB de Kenora (1- 1 000 $). Vingt-trois projets français ont été approuvés pour le Nord, à 1 000 $ chacun, pour un total de 23 000 $.

Quels ont été les effets? Les subventions de PEP servent surtout à aider les programmes classiques axés sur l’« éducation des parents ». La plupart des conseils de parents s’occupent encore de recueillir des fonds pour les fournitures scolaires, des commandites pour les festivals multicuturels, voire par des fêtes de « petits gâteaux » pour les enfants, et les subventions n’ont qu’un effet minimal sur cette approche.

Les subventions de PEP de l’Ontario ont débuté lors de l’« Initiative de réduction de la pauvreté », du gouvernement libéral de Dalton McGuinty, et constituaient une façon de s’attaquer aux inégalités sociales de certains quartiers scolaires « prioritaires ».

À l’automne 2014, la Direction des services régionaux d’Ottawa du ministère manipulait positivement les médias à propos de la participation accrue aux activités de conseils scolaires dans les collectivités socialement défavorisées. Depuis 2006 et après l’octroi de milliers de subventions dans la province, le Ministère a déclaré que les demandes d’écoles prioritaires étaient en hausse de 300 p. 100 et les approbations, de 450 p. 100. En 2014-2015, seulement 138 projets ont été autorisés, pour des « écoles ayant une priorité élevée ». Cela mérite une enquête plus approfondie.

La réduction de la pauvreté a presque disparue des annonces publiques reliées aux subventions de PEP. Au début de mars 2015, la ministre de l’Éducation, Liz Sandals, tenait un tout autre discours : « Lorsque les parents participent activement à l’éducation de leurs enfants, le bien-être et les résultats des élèves sont supérieurs — surtout dans des domaines difficiles comme les mathématiques. Cela aide les élèves à réaliser leur plein potentiel et à mieux se préparer à un avenir brillant. »

Un communiqué de presse ministériel du 3 mars 2015, annonçait les subventions de Participation et engagement des parents pour 2015-2016; l’on prétendait qu’elles étaient dorénavant conçues pour financer « un large éventail de projets devant aider les parents à participer davantage à l’éducation de leurs enfants ».

Les projets du conseil scolaire du district de Rainbow et qui ont été approuvés pour 2014-2015 sont relativement typiques de tous les conseils. La plupart des subventions vont au financement de séances de formation parentale, notamment de programmes pour surmonter la « mastite », pour améliorer les finances personnelles, pour adopter une alimentation saine, pour étudier la Zumba et pour célébrer le multiculturalisme. Aucun de ces exemples n’est directement relié aux inégalités en éducation ou à la pauvreté des enfants et des familles.

Dépenser 24 millions de dollars pour des milliers de conseils scolaires de l’Ontario ne risque pas d’avoir tellement d’effets lorsqu’il s’agit de combler l’écart des inégalités sociales entre les collectivités scolaires.

Parlant à l’émission du 22 septembre 2014 de Steve Paikin à TV Ontario, The Agenda, Yvonne Kelly, coordonnatrice de Freedom 90, avait peut-être la meilleure formulation : continuer avec « un cadre de prévention de grande portée […] n’aide pas ceux qui sont déjà marginalisés ». C’est un sommaire bien tourné à propos de ce qui a mal fonctionné avec les subventions de PEP comme projet de « lutte contre la pauvreté ».

Ironiquement, le seul programme pouvant faire une différence, la Subvention pour programmes d’aide à l’apprentissage (SPAA) a été substantiellement réduit en 2006, lorsque les subventions de PEP ont été offertes par le gouvernement McGuinty.

Lancées avec les meilleures intentions, les subventions de PEP pourraient avoir davantage d’effet si elles cherchaient spécifiquement à changer la dynamique foyer-école des collectivités scolaires socialement défavorisées, en particulier dans le Nord ontarien. Peut-être est-il temps de réévaluer le programme, afin de voir si les fonds peuvent être mieux orientés pour répondre aux besoins des quartiers « prioritaires ».

Paul W. Bennett, Ed.D, attaché supérieur de recherche, Éducation, à l’Institut des politiques du Nord, dont les bureaux se trouvent à Sudbury et à North Bay, est coauteur du rapport de septembre 2014 de l’IPN, « Picking-Up the Pieces » (réparer les pots cassés), dans lequel il est question de la réforme de l’éducation des Premières Nations.

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