Soins de santé ne signifie pas santé

11 mai, 2015 - La vaste superficie géographique et les grandes distances entre les collectivités posent des défis considérables pour la prestation de nombreux services dans les régions rurales et nordiques de l’Ontario. La prestation des services de soins de santé ne fait pas exception. Pas mal de recherche et plusieurs rapports provinciaux montrent clairement que les services de soins de santé obtenus dans le Nord n’équivalent pas ceux qui sont obtenus dans le Sud. Avec si peu de gros centres urbains, il faut que les gens du Nord voyagent régulièrement afin d’accéder aux services de santé spécialisés pour le cancer ou d’autres maladies graves.

Il peut même être difficile d’accéder aux soins de santé de base. La répartition des médecins, le personnel infirmier et les autres fournisseurs de soins de santé est disproportionnément concentrée dans les zones urbaines du Sud. Ces différences majeures dans la répartition des ressources, combinée aux réalités géographiques ont conduit beaucoup de responsables des politiques à repenser la conception des services dans le Nord. Il faut mettre l’accent sur la qualité des soins, avoir une solution conçue dans le Nord pour la prestation et pour la variation des ressources. Cela a conduit à des façons originales de fournir les services dans les régions éloignées, notamment à l’aide de la technologie et par la maximisation des contenus de la pratique chez les divers praticiens des soins de santé. La nécessité étant la mère de l’invention, il y a eu de nombreuses initiatives innovatrices permettant d’aider à améliorer l’accès aux soins de santé pour les Ontariens du Nord. Par exemple, le Réseau local d’intégration des services de santé – Nord-Est a offert un nouveau programme de télésoins[1], reliant les patients aux prises avec une insuffisance cardiaque et une bronchopneumopathie chronique obstructive (BCO), et ce, à des infirmières et infirmiers autorisés et formés pour diriger des séances régulières de contrôle et d’encadrement de la santé, à distance. En plus d’améliorer l’accès, ce programme devrait comporter des avantages additionnels en étant plus économique.

En ce qui concerne les politiques sur la santé, nous devons continuellement nous efforcer de recommander des solutions spécifiques nouvelles et communautaires pour les problèmes de soins de santé auxquels les collectivités nordiques font face. Il faut constamment rappeler aux administrations provinciales qu’il n’y a pas de solution passe-partout. Toutefois, peu importe les suites que donne le gouvernement provincial aux recommandations en matière de politiques sur les soins de santé propres au Nord, peu importe notre façon d’améliorer l’accès aux médecins, aux hôpitaux et à d’autres services de soins de santé, la réalité est qu’il est très improbable que la santé de la population s’améliore en ne mettant l’accent que sur les soins de santé. Bref, soins de santé ne signifient pas santé. Les Ontariens du Nord continuent d’avoir des niveaux de santé inférieurs à ceux des Ontariens du Sud. Un rapport récent de Statistique Canada[2] indiquait que Sudbury était la deuxième ville de l’obésité non seulement en Ontario, mais dans tout le Canada. Bien qu’il soit apparemment facile d’affirmer que les personnes de Sudbury doivent simplement mieux manger et faire davantage d’exercice, le tableau est néanmoins beaucoup plus complexe.

Dans les déterminants clés de la santé[3] se trouvent des facteurs tels que la pauvreté, l’éducation, l’aide sociale, le logement, l’hygiène, l’alimentation, la génétique, l’environnement et même la culture. Le problème de l’obésité à Sudbury reflète vraisemblablement davantage l’emploi, la sécurité alimentaire, l’infrastructure du transport, l’aide sociale et l’éducation, que simplement l’abonnement à un centre de conditionnement physique et les jeux vidéo.

L’Unité sanitaire de Sudbury et du district a produit une vidéo[4] dont le titre est « Let’s Start a Conversation About Health…and Not Talk About Health Care At All », qui démontre bien les divers éléments qui entrent en jeu lorsqu’il s’agit d’améliorer la santé. Après avoir regardé cette production, je pense qu’il est facile de comprendre comment les décisions relatives aux politiques dans un domaine apparemment non connexe peuvent avoir des effets profonds sur la population et la santé individuelle.

Le problème est que les gouvernements et responsables des politiques continuent de voir les choses en vase clos, sans regarder nécessairement comment les décisions dans un domaine ont des répercussions dans d’autres. Les choses sont beaucoup plus interreliées, chacune constituant une pièce du casse-tête total de la santé. Les politiques que nous créons pour le Nord en matière d’emploi et de main-d’œuvre, de développement des ressources naturelles, de logement, de programmes sociaux, d’éducation et de développement économique ont toutes des répercussions potentiellement profondes sur les déterminants de la santé. Pendant que nous allons de l’avant avec des projets de politiques dans ces divers domaines, nous devons continuellement chercher à comprendre comment ce que nous décidons de faire dans un secteur peut influencer la santé de nos collectivités. Après tout, nous n’avons rien si nous n’avons pas la santé.

[1] http://www.nelhin.on.ca/Page.aspx?id=14452

[2] http://www.cbc.ca/news/canada/sudbury/sudbury-second-most-obese-city-in-canada-stats-can-1.2805270

[3] http://www.phac-aspc.gc.ca/ph-sp/determinants/index-eng.php#determinants

[4] https://www.youtube.com/watch?v=QboVEEJPNX0

Texte d’Elizabeth Wenghofer, Ph. D., attachée supérieure, Santé rurale et du Nord, à l’Institut des politiques du Nord

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