Routes justifiées par les richesses

Comment le Cercle de feu peut améliorer les conditions dans le Grand Nord

4 mars, 2015 - Qu’est-ce qui pourrait bien améliorer la vie des collectivités du Grand Nord ontarien?

Si vous posiez la question à sept personnes connaissant bien le Nord, vous pourriez bien obtenir sept réponses différentes. Eau potable propre. Systèmes d’égouts fonctionnels. Éducation de qualité. Services de santé améliorés. Électricité fiable. Nourriture saine à des prix abordables. Logement supérieur.

Dans une large mesure, cette liste de souhaits découle du fait que des collectivités du Grand Nord de l’Ontario ne sont accessibles que par avion pendant la majeure partie de l’année. Ces problèmes n’existent que rarement dans les collectivités qui ont un accès routier. Des coûts astronomiques sont rattachés à qui et à quoi que ce soit devant être déplacé par avion afin de parvenir à ces endroits. Les routes d’hiver donnent un certain répit, mais elles ne sont pas une garantie. Si la température est favorable, une route d’hiver peut offrir un accès pendant un ou deux mois par année. Il y a eu de la mauvaise température ces dernières années en raison du réchauffement climatique. Si la tendance se maintient, la construction et l’utilisation de routes d’hiver se compliqueront progressivement.

Qu’est-ce donc qui pourrait améliorer la vie des collectivités du Grand Nord ontarien?

Réponse : un réseau routier accessible à l’année longue.

Bien qu’il y ait des corrélations entre améliorer la qualité de la vie à tous les niveaux et l’accès routier, aucune n’illustre plus éloquemment et concrètement les avantages que l’alimentation et le carburant.

Webequie est la collectivité des Premières Nations la plus rapprochée du Cercle de feu, et elle se trouve à 260 kilomètres de Pickle Lake par avion. Il y a quelques semaines, vous auriez trouvé les prix suivants pour des éléments essentiels au magasin local : 4,50 $ pour une pinte de lait, 42,00 $ pour 10 kilogrammes de sucre, 49,00 $ pour 10 kilogrammes de farine ou 6,00$ pour un pain. Si vous vouliez qu’un ami de Pickle Lake fasse des achats pour vous et expédie par avion les produits, le coût d’expédition par livre était de 1,32$ ce qui comprenait le supplément pour le carburant et la TVH. Alors, bien que vous puissiez trouver un sac de pommes de terre pour 4,00 $ à l’épicerie de Pickle Lake, il vous faudrait payer 13,20 $ de plus pour l’expédier à Webequie.

L’essence est à quelque 2,60 $ le litre. Cela rend coûteux l’utilisation des motoneiges et des petites machines, mais ce sont les coûts du carburant diesel et de l’huile à chauffage qui font vraiment mal. Ces deux carburants sont nécessaires pour faire fonctionner les génératrices électriques communautaires 24/7/365 et pour les appareils de chauffage des maisons, des écoles, des cliniques et des bureaux de bandes pendant les longs hivers, qui consomment les carburants à des vitesses incroyables.

Voici un exemple, qui crystallise les coûts exhorbitants de fournir les services dans ces collectivités. Faire voyager aller-retour en avion un professionnel de la santé, un technicien de l’eau ou un travailleur du gouvernement entre Thunder Bay et Webequie signifiait un billet 700 $ au moment de rédiger du présent texte. Air France offrait un billet de retour depuis Toronto vers l’Europe, à moins de 600 $ au cours de la même semaine.

Il ne s’agit pas ici d’attaquer les épiceries et les transporteurs aériens du Nord. Ils doivent demeurer rentables dans des conditions d’exploitation risquées, coûteuses et difficiles. Les économies d’échelle permettent de faire voyager par avion à bon marché 400 personnes dans un Airbus au lieu de 18 personnes à bord d’un Beechcraft. S’il y avait une route accessible à l’année longue de Webequie à Pickle Lake, le magasin de Webequie pourrait avoir des livraisons à un prix beaucoup plus bas, ce dont bénéficieraient ensuite les résidants.

Des routes reliant certaines des cinq collectivités qui sont actuellement accessibles par avion et rapprochées du Cercle de feu sont sur le point de devenir des réalités. Pourquoi nous arrêter là? Pourquoi ne pas se servir de l’élan et de l’expertise des équipes de construction et des travailleurs locaux formés, qui seront prêts à tout faire fonctionner, depuis l’équipement lourd jusqu’aux outils de levés? Ayons un plan de construction et un calendrier afin de relier un jour par des routes permanentes toutes les collectivités auxquelles les gens accèdent par avion.

Évidemment des milliers de kilomètres de construction de route coûteront des milliards de dollars. Nous pourrions toutefois faire valoir que les économies de coûts des déplacements routiers de biens et de personnes pour plus de 30 collectivités permettraient aussi d’économiser des milliards de dollars en très peu de temps. De plus, pour paraphraser la phrase bien connue de MasterCard, l’amélioration de la qualité de la vie n’aurait pas de prix.

Pour voir le potentiel de la route du Nord ontarien, il suffit de regarder au-delà de la frontière de nos voisins. Le premier ministre du Québec est sur le point de lancer « Le Plan Nord », un investissement de 80 milliards de dollars sur une période de 25 ans, afin d’élargir l’exploitation minière et de développer les ressources énergétiques du Nord québécois.

Vous pouvez déjà conduire de Montréal jusqu’aux eaux de l’Arctique de la baie James Bay, et ce, sur une route pavée de 1 456 kilomètres jusqu’à la collectivité côtière crie de Chisasibi. Cette voie routière a été rendue possible par la construction d’un barrage hydroélectrique sur La Grande Rivière.

Nous avons « Le Cercle de Feu ».

Par Rick Millette

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