Rajeunir le vieux

Comment la réutilisation après adaptation change le Mill Square de Sault Ste. Marie

22 juillet, 2015 - En 2012, un groupe d'investisseurs privés achetait le site historique de St. Mary’s Paper à Sault Ste. Marie (Ontario), en bordure de la rive dans le district du canal. Débordant d'énergie nouvelle, Mill Square occupe maintenant cet espace autrefois industriel et fonctionne comme carrefour culturel, où se trouvent des artistes, des entrepreneurs, des entreprises ainsi que les administrations centrales du conservatoire de musique d'Algoma et du département des beaux-arts de l'Université d'Algoma. C'est là que se trouvera un marché bien connu et qui a du succès; de l'espace sera aussi utilisé pour des activités spéciales, et les réservations connexes débuteront le 1er juin 2015.

La nouvelle vocation de St. Mary’s Paper fait partie d'une tendance qui prend de l'ampleur, désignée par réutilisation après adaptation, à savoir prendre un ancien immeuble et l'utiliser à de nouvelles fins. Afin de préserver des aspects de l'histoire locale, souvent les promoteurs rénovent la structure tout en respectant la conception architecturale initiale. Les nouvelles vocations des immeubles historiques créent des collectivités durables en réduisant les coûts du transport, de l'énergie et des matériaux qui sont associés à la démolition et à la construction de nouveaux immeubles (Bullen, 20). Sauver des immeubles abandonnés sert de plus à maintenir un sentiment d'appartenance, en sauvant l'esthétique initiale de la rue de la ville, tout en utilisant ces monuments locaux comme moyens de poursuivre le développement et l'innovation. D'autres immeubles ont une valeur inhérente pour des raisons historiques et esthétiques, et ils devraient être vus comme du capital culturel non renouvelable (Shipley et coll, 5).

Cinq immeubles en grès occupent la zone du Mill Square à Sault Ste. Marie : Machine Shop, Administration, Pulp Tower, Yard Locker et Board Mill. Chaque immeuble fait partie d'un ensemble cohérent, conçu pour rehausser l'atmosphère culturelle et l'économie de Sault Ste. Marie, en créant des emplois et en attirant des résidants, des touristes et des étudiants dans le voisinage ouest du centre-ville. Ces immeubles sont des vestiges de l'empire industriel de Francis H. Clergue, qui est venu dans la région d'Algoma en 1894. Né à Bangor, au Maine, Clergue est connu pour son rôle dans la fondation d'industries iconiques locales : Algoma Steel, St. Mary’s Paper et Algoma Central Railway. Le legs des activités de l'usine d'acier de Clergue qui fonctionnait il y a un siècle continue d'exister dans la collectivité aujourd'hui. Maintenant connu sous le nom d'Essar Steel Algoma, l'entreprise emploie directement quelque 3 400 personnes (Industrie Canada), et est un des plus gros employeurs de Sault Ste. Marie; elle est considérée comme une industrie essentielle de l'économie régionale (Sault Ste. Marie Economic Development Corporation

Homme d'affaires audacieux et perspicace, Clergue a posé les fondements de son empire pendant une courte période de huit ans; il a débuté en 1895 par la constitution en personne morale de la Sault Ste. Marie Pulp & Paper Company; ensuite, de l'Algoma Central Railway, en 1899; de l'Algoma Steel Company, formée en 1901 (Musée du Sault). La résidence de Clergue, sur le terrain de St. Mary était un vestige de la Compagnie de la Baie d'Hudson, s'occupant de la traite de fourrure ne se trouvant plus à l'endroit initial, la structure a été déménagée et peut être vue au site historique national Ermatinger Clergue.

La fermeture de St. Mary’s Paper en 2011 annonçait un élan culturel au centre-ville de Sault Ste. Marie. Mill Square, qui a créé une nouvelle atmosphère par la conservation de l'architecture Richardson-Romanesque initiale, préserve l'histoire locale tout en misant sur un marché qui n'a pas encore été complètement exploré dans la région. En plus de donner naissance à une collectivité culturelle, il y a aussi le marché qui fonctionne comme un lieu de rencontre public animé, dont les activités se trouvent à l'ancienne entreprise piscicole municipale le long du côté est du Square. Mill Market fait partie du plan multiniveau de rénovation du Square, sous forme de village urbain; il est prévu de le déménager au Board Mill, parmi les cinq immeubles historiques.

Mill Market déborde d'énergie le samedi; entre 1 500 et 2 000 personnes franchissent ses portes pendant l'été. Avec sa variété de fournisseurs d'aliments, d'artisans, de fermiers et de marchands d'articles d'occasion, vos sens sont complètement sollicités pendant que vous vous déplacez. Vous serez accueilli à l'entrée par l'insectarium Entomica, qui comprend des expositions interactives liées à des insectes tropicaux du monde, telles ces sauterelles d'un vert éclatant qui vous mystifieront par leur ressemblance aux feuilles.

Selon le plan, Entomica sera joint au Marché lors du déménagement au Board Mill à un moment donné en 2016, pourvu que le développement se déroule en douceur. Mill Market fonctionne comme un espace dans lequel les Ontariens du Nord peuvent montrer leurs produits aux résidants, aux touristes et aux visiteurs de l'extérieur de la ville, puis canaliser dans l'économie locale les bénéfices. La présence de fournisseurs au Market a doublé depuis l'an dernier, et plus de 90 fournisseurs exposent leur marchandise entre Mill Market et Mill Flea, ce qui est ouvert les dimanches après-midi. En moyenne, les fournisseurs peuvent atteindre entre 75 $ et 2 000 $ de ventes par jour de marché. Des fermiers et créateurs locaux aident à développer des pratiques commerciales intrarégionales durables, tout en réduisant en partie la dépendance de biens importés. Les consommateurs de la région sont stimulés par l'idée que les produits qu'ils consomment proviennent de leur propre terroir. Ainsi, Mill Market édifie une collectivité et renforce l'économie.

Comme la plupart des nouvelles entreprises, la réutilisation après adaptation s'accompagne de risques. Cette approche peut être économiquement impossible en raison des « prévisions du cycle de vie des matériaux existants », lesquelles « peuvent être en deçà de celles pour de nouveaux matériaux » (Bullen, 23), ce qui peut entraîner une accumulation de coûts de réparations et d'entretien. Dans un rapport de recherche provenant de l'Architectural Conservancy of Ontario, des constatations ont révélé que les coûts d'amélioration d'un immeuble ancien étaient supérieurs à ceux de la construction d'un immeuble neuf; toutefois, le rendement de l'investissement était supérieur, surtout pour les redéveloppements commerciaux de taille moyenne, les coûts étant alors contrebalancés par des baux, la location ou la vente des lieux à des résidants, à un prix élevé du marché (Shipley et coll, 24). Dans ce rapport a également été trouvé que, bien que le coût puisse atteindre 155 $ par pied carré avant de pouvoir présenter sur le marché une nouvelle propriété commerciale de taille moyenne, il en coûterait 169 $ pour une propriété commerciale réutilisée, de même taille. Des données indiquent que, pour une grosse propriété commerciale, il pourrait y avoir des économies en choisissant la réutilisation, avec un taux du marché de 102 $ par pied carré, tandis que, pour une grosse propriété commerciale neuve, le prix serait de 165 $ par pied carré. Même si les projets de redéveloppement peuvent être potentiellement plus coûteux, le dépassement n'est pas considérable.

Lorsqu'il y a eu de la construction inférieure à la normale pour la structure, ou si l'immeuble n'a pas été conçu pour durer, améliorer la structure pour une utilisation future est une approche dangereuse (Bullen, 21). L'idée qu'il soit plus abordable de construire une nouvelle structure plutôt que d'investir de l'enthousiasme et des ressources dans un immeuble plus ancien a poussé des gens à démolir des « douzaines » ou « peut-être des centaines » d'immeubles considérés comme ayant une valeur historique pour le Canada (R. Shipley et coll, 505). Parmi les obstacles au redéveloppement se trouvent l'accès à des emprunts auprès de banques qui posent des tas de questions sur les rendements des projets de redéveloppement; une application rigide de la réglementation du code du bâtiment, par les inspecteurs; le recrutement de travailleurs qualifiés; l'accès aux matériaux initiaux; le manque d'unité chez les promoteurs et les défenseurs du patrimoine lorsqu'il est question de leurs approches en matière de conservation d'immeubles (Shipley et coll). Il est très difficile de trouver un équilibre entre divers facteurs : le « [. . .] désir de conserver d'anciens immeubles pour des raisons historiques et esthétiques; le besoin de modernisation; l'attente légitime des propriétaires de rentabiliser leurs biens » (Shipley, 506). À titre d'historien en chef d'Heritage Toronto, Gary Miedema a dit, « trop souvent la relation entre la conservation et le développement est perçue comme une affaire de soit/ou, et c'est rendre un mauvais service aux deux [. . .]. Il ne s'agit pas de tenter de figer un endroit dans le temps, mais d'enrichir les éléments que nous avons » (Kidd).

Destination North, un projet public-privé ayant pour objet de transformer ce qui était le St. Mary’s Paper Mill en « Living Centre for Ecology, Culture and Wilderness Experience » (centre de soutien fonctionnel pour l'écologie, la culture et l'expérience de nature sauvage) (Mill Square), a constitué un partenariat avec Ontario au travail, afin d'élaborer un projet désigné par Superior Skills. Le programme devrait former des participants pour une aptitude particulière et nécessaire à la vie quotidienne, ce qui leur permettra d'ajouter du rendement communautaire productif. En septembre 2014, Superior Skills a offert un programme de couture de huit semaines, dont le mandat était de former 10 prestataires d'aide sociale en compétences vestimentaires; de plus, les classes se trouvaient dans une école publique inutilisée, Étienne-Brûlé, à l'extrémité du secteur ouest. L'objectif de ces séances de formation était de permettre aux participantes d'acquérir les compétences nécessaires pour trouver du travail permanent ou pour devenir des catalyseurs alimentant l'esprit d'entreprise. À la fin du programme, les élèves ont montré leur savoir-faire à la boutique locale du fil et au café, Shabby Motley. La société Stitch Co. a été formée, une filiale de Destination North, et elle emploie maintenant à temps plein les participantes qui ont réussi.

L'école primaire est encore utilisée comme espace de travail, et le déménagement futur au Mill Square est prévu. Les employées vendent leurs articles cousus à la main, notamment au Mill Market. En plus de développer leur propre gamme de produits pour la vente au détail, Stitch Co. accepte des commandes personnalisées. Lorsque l'entreprise deviendra plus mature, Stitch Co. prévoit élargir ses activités, et ce, dans le domaine des produits du cuir, tout en offrant davantage de séances de formation. Vous pouvez obtenir plus de détails sur Stitch Co., ici. Superior Skills a fait un investissement à long terme dans notre collectivité en faisant des compétences des participantes le point de concentration de la commercialisation du produit. Dans les autres séances de formation se trouve Grow Co, qui vise les pratiques agricoles et alimentaires locales, le but ultime étant de fournir aux participants un ensemble de compétences pratiques pour un emploi. Ce ne sont là qu'un certain nombre de façons du nouveau marché local du village urbain, qui font de Sault Ste. Marie un endroit meilleur pour vivre et croître.

Par Mandy Masse, stagiaire estivale en politique, à l'Institut des politiques du Nord.

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