Le Nord – Qu'y a-t-il à discuter?

25 mai, 2014 - Je trouve que toute cette idée d’un « Débat nordique » est un peu condescendante. Cela frappe comme une attitude paternaliste que beaucoup d’habitants du Sud ont pour ceux du Nord de l’Ontario. C’est comme si nous, du Nord, étions tapotés sur la tête par quelqu’un disant « oui cher, nous verrons à VOS problèmes aussi, lorsque nous aurons surmonté les vrais problèmes du Sud ». D’une façon quelconque, le salaire minimum, la dette élevée, les impôts élevés, les tarifs élevés de l’électricité, la situation critique de la démographie, le chômage des jeunes n’importent pas ici. Ce sont des « problèmes provinciaux » convenant davantage à un « plus grande scène ».

Évidemment les chefs des trois partis politiques devraient venir dans le Nord et participer au débat. Tout comme ils devraient aller à Ottawa, à Kingston et à Mississauga afin de participer au débat. Les électeurs de l’Ontario méritent de voir leurs chefs potentiels ailleurs qu’à la télé. Écoutons donc directement les points de vue différents pour notre province. Posons des questions, directement, et écoutons les réponses et de solides objections. Ayons absolument un débat, plusieurs débats, DANS le Nord, mais que l’on ne nous serve pas la notion de « Débat nordique ».

Évidemment, il devrait toujours y avoir une certaine saveur locale à beaucoup des questions. Si les dirigeants allaient à London pour un débat, je suppose qu’il pourrait être question de fabrication. Je suppose que l’on pourrait traiter du métro à Scarborough. À Brampton, les services d’établissement des immigrants pourraient probablement être un enjeu. La même chose est vraie dans le Nord.

S’il y avait un débat à Timmins, à Sioux Lookout ou à Pickle Lake, il pourrait y avoir une question ou deux sur les répercussions négatives des politiques pour le Nord, qui sont rédigées à Queens Park pour un auditoire du Sud ontarien. Que pouvons-nous faire pour renverser les conséquences non voulues de la Loi sur le Grand Nord; des modifications de la Loi sur les mines; ou de l’obsession liée à la révision récente de la Déclaration de principes provinciale sur le besoin de restreindre la croissance (un coût élevé dans le Nord), par opposition à promouvoir la croissance (un urgent besoin dans le Nord)?

Lors d’un débat à Sault Ste Marie ou à Thunder Bay, il pourrait y avoir place pour parler de l’élargissement de la voie maritime et des avantages économiques potentiels pouvant découler de la venue de navires plus gros provenant de l’Europe ou de l’Inde, et ce, en plein centre du continent nord-américain. Ou bien, si c’est un trop gros thème, les dirigeants pourraient au moins traiter de la façon pour l’Ontario de mieux travailler avec Ottawa sur les brise-glace dans les Grands Lacs. Dépendant de navires américains pour que le travail soit exécuté semble moins patriotique, et cette année, moins qu’efficace.

En cas de débat à Marathon, à Greenstone ou à Hearst, il pourrait être question du partage du revenu des ressources, en faveur des collectivités rurales et éloignées. Ou peut-être pourrions-nous explorer la tenure forestière et comment certains croient que nous sommes en train de tuer nos usines, ou au moins de rendre leur compétitivité extrêmement difficile (et donc leur viabilité), au nom de la durabilité justement.

À Sudbury ou à North Bay, une conversation sur les réseaux de transport pourrait être de mise. Et il y a le jumelage de grandes routes, la connectivité ferroviaire, les subventions ferroviaires (et en quoi cela correspond, pour le Nord, aux subventions du transport en commun, pour le Sud). Des corridors actifs de transport dans et entre les collectivités pourraient être explorés. Il pourrait aussi être simplement question des accotements – de les élargir et de les paver. Voulez-vous un plus « gros enjeu »? Explorez donc la question de la production à valeur ajoutée par opposition à l’expédition du minerai brut à l’étranger. Si le travail à valeur ajoutée n’est pas un de nos avantages concurrentiels, qu’est-ce qui ne va pas et pouvons-nous rectifier le tir?

Enfin, un débat n’importe où dans le Nord pourrait explorer les problèmes du Cercle de feu et le rôle de l’Ontario dans la participation et la consultation des collectivités des Premières Nations et d’autres éléments de la population risquant d’être atteints. Comment parvenir à plus d’ententes-cadres et à moins de cas comme Caledonia? Est-ce que la province prend vraiment les devants dans la création d’une société de développement provinciale? Que dire de placer les contribuables de l’Ontario dans la position peu enviable d’assumer le risque pour tous les autres : les partisans, les collectivités locales et, certes, le reste du Canada (qui, soit dit en passant, est en position de bénéficier du développement du Cercle de feu, tout comme nous pouvons bénéficier du développement du gaz de schiste en Colombie-Britannique ou des réserves de pétrole à Terre-Neuve-et-Labrador)?

Il y a de nombreux problèmes à discuter et, du moins certains de ceux-ci, peuvent être abordés ici même dans le Nord ontarien.

Charles Cirtwill est président fondateur de l’Institut des politiques du Nord, un groupe de réflexion indépendant et piloté par des preuves dans le Nord ontarien.

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