Faut-il plus de personnes dans le Nord ontarien?

7 décembre, 2015 - Nous en sommes au virage démographique, depuis un certain temps d'ailleurs. Notre population totale est en baisse, et notre population totale vieillit. La population autochtone augmente, mais ici, nous avons des signes de ralentissement démographique pendant qu'il y a des améliorations économiques et sociales.

Alors, nous faut-il plus de personnes? Tout dépend de votre point de vue.

Il y a de nombreuses écoles de pensée à propos du virage démographique en cours. Certains pensent que c'est une bonne chose. Avec une population moins nombreuse, moins de pression sera exercée sur l'écosystème, et les générations futures d'Ontariens du Nord en bénéficieront. Un meilleur équilibre entre l'humanité et le contexte naturel est possible. D'autres voient cela comme notre meilleure chance depuis des générations de faire participer enfin pleinement ceux qui sont aux prises avec des situations sociales et économiques malsaines depuis beaucoup trop longtemps. Un autre groupe y voit une porte ouverte sur le « Canada 2.0 », une occasion d'y accueillir un grand nombre de nouveaux Canadiens. Pourtant d'autres voient une occasion de donner aux familles la fierté d'occuper dans la société la place qu'elles avaient autrefois, c’est-à-dire avant la génération du baby-boom, période au cours de laquelle les bébés étaient moins prioritaires.

Décider s'il faut davantage de gens dans le Nord dépend aussi de l'endroit où vous vivez. Pendant la dernière décennie, ou à peu près, il y a eu en fait une augmentation de la population dans certaines régions. Les districts de Manitoulin, de Kenora, de Parry Sound, du Grand Sudbury et de Nipissing ont tous affiché une croissance mesurable au cours des dix dernières années. Une bonne partie de cette croissance s'explique probablement par l'urbanisation et la hausse de la population autochtone (ou dans certains cas, de l'urbanisation de la population autochtone). Mais pour ces collectivités, c'est tout de même de la croissance.

Toutefois, l'augmentation démographique ne se traduit pas nécessairement par une durabilité communautaire supérieure. Cela dépend dans une large mesure de ce qui s'appelle le ratio de dépendance. Il s'agit du nombre des personnes qui veulent et peuvent travailler, par opposition au nombre des personnes ayant besoin du soutien de ces gens. Vous ne pouvez avoir tout simplement une augmentation de la population, il vous faut une augmentation démographique dans des groupes d'âges de travailleurs, puis une hausse plus marquée de la population active que de la population inactive. C'est exactement le contraire de ce que nous et la plupart des autres pays industrialisés et certes ceux qui sont en développement font actuellement.

La plupart des économies durables ont des ratios de dépendance qui se trouvent entre 0,5 et 0,75. C'est près d'avoir deux travailleurs pour chaque personne dépendante. Dans les économies non durables ou en déclin, c'est l'inverse; le ratio se trouve entre 1 et 1,5 ou plus. C'est approximativement deux dépendants (ou plus) pour chaque travailleur. Selon des projections récentes de l'Institut des politiques du Nord, d'ici 2041, deux de nos districts « en croissance », Parry Sound et Manitoulin dépasseront un taux de dépendance de 1. Ils auront donc de la croissance et du vieillissement, iront vers la non-durabilité.

Nous avons obtenu des projections similaires pour tout l'Ontario et pour chaque district du Nord. Actuellement, nos taux de dépendance sont tous autour de deux travailleurs pour un dépendant. Au cours des trente prochaines années, le taux de dépendance de l'Ontario variera entre 0,5 et 0,7, ce qui est encore durable. Rien que pour correspondre à cette trajectoire, la plupart de nos onze districts auront besoin de croissance démographique. Cela signifie des taux d'immigration et de natalité supérieurs maintenant, afin que nous ayons un jour une population plus nombreuse et plus jeune. Nous devons encore améliorer les compétences et l'inclusion sociale de ceux qui sont déjà ici, mais cela ne suffit tout simplement pas pour résoudre le problème, même si nous avions un taux de réussite de 100 %.

Remarquez, j'ai affirmé que seulement pour correspondre au déclin provincial, nous aurons besoin de plus de personnes. À Thunder Bay, pour ralentir notre déclin par rapport à la tendance provinciale, il nous faut annuellement quelque 1 000 personnes de plus en âge de travailler, et ce, au cours des quinze prochaines années. À Algoma, il en faut 700 par année. Cochrane et le Grand Sudbury ont besoin de 500 par année, Timiskaming, environ 250. Chaque année, durant quinze ans. Si nous voulions maintenir nos ratios existants de travailleurs par rapport aux dépendants, il nous faudrait, dans certains cas, des niveaux trois à quatre fois supérieur du côté de l'immigration et de la natalité, rien que pour ralentir notre baisse.

Ces naissances doivent commencer l'an prochain et continuer durant les trente prochaines années. Alors l'immigration est réellement notre principale réponse à court terme. Voici une idée. La province de l'Île-du-Prince-Édouard, avec une population d'environ 125 000, est autorisée à sélectionner pour une entrée expéditive 400 immigrants par année. Dans une formule simple par habitant, cela signifie que le Nord ontarien, avec quelque 800 000 personnes devrait pouvoir en sélectionner 2 500. Pour le moment, nous pouvons en sélectionner exactement zéro. L'Ontario et le gouvernement fédéral devraient s'associer et autoriser annuellement au moins 2 500 immigrants pour une entrée expéditive dans notre région. C'est un changement simple, réalisable et nécessaire. Faisons-le.

Charles Cirtwill est président et chef de la direction de l'Institut des politiques du Nord, groupe indépendant de réflexion sociale et économique et dont le siège social est dans le Nord de l'Ontario.

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