Embourgeoisement et le Nord – Injection culturelle, protection urbaine

Introduction

6 août, 2014 - Nous entendons dire que Sudbury prend des mesures afin que le centre-ville soit plus énergique et convaincant. La nouvelle école d’architecture, l’approbation de deux nouveaux patios de restaurant, l’apparition du magasin « Lululemon » sur Cedar, ainsi que les transferts de gestion de restaus bien connus du centre-ville et ceux qui ont fait peau neuve servent d’exemples de « bons progrès ». Toutefois, il reste beaucoup à faire pour convaincre les gens de s’installer au centre-ville et non seulement d’y travailler ou de le visiter. Le nouveau projet de transformation de 12 millions de dollars de la vieille brasserie de la rue Lorne, par le promoteur Greg Oldenburg, est un grand pas en avant sur ce plan. Les possibilités de ce projet sont substantielles, à supposer qu’elles se matérialisent. Espace commercial, espace résidentiel, revitalisation générale : ce sont les premières étapes d’un plus grand projet social qui se produit – l’embourgeoisement bien nécessaire du centre-ville.

Définition

Nous comprenons que l’embourgeoisement est la « modernisation de propriétés urbaines dévaluées ou détériorées, et ce, par la classe moyenne ou des gens riches »[1]. « Dévalué », « débraillé » et « détérioré » sont peut-être les mots les plus précis pour décrire l’état actuel du centre-ville. L’embourgeoisement est désigné par de nombreux autres noms; Neil Smith a trouvé l’expression bien connue « amélioration urbaine » pour en parler d’une meilleure façon[2]. L’existence de l’expression de Smith suggère qu’il y a des répercussions négatives à l’embourgeoisement, bien que dans le contexte du développement économique désespérément nécessaire ce ne soit pas le cas. L’embourgeoisement peut aussi servir à décrire la restauration d’anciens immeubles afin de les rendre plus frappants, ce qui ressemble au projet de transformation pour les « lofts de la brasserie »[3]. Dans Sudbury, les projets de redéveloppement actuels au centre-ville et autour de celui-ci peuvent être vus comme des causes de changement économique et de revitalisation, mais aussi comme découlant de ceux-ci, ce qui perpétue un cycle d’investissement et de réinvestissement.

Causes

L’embourgeoisement est causé par la valeur accrue des propriétés et une disparité supérieure des revenus entre les groupes, d’où des centres de concentration de la richesse[4]. Le rôle du tourisme ne peut être sous-évalué lors du développement de l’embourgeoisement; alors, les biens et services qui engendrent des revenus attirent du capital étranger concentré qui conduit à la hausse de la valeur des propriétés[5]. En augmentant le nombre des opportunités intéressantes et attrayantes au centre-ville, Sudbury parviendrait à un nouveau niveau de revenu pour les entreprises locales et favoriserait le réinvestissement dans l’immobilier du centre-ville.

Mesures

L’embourgeoisement peut se mesurer par un changement du « caractère culturel dans le quartier »[6]. À Sudbury, changer le « caractère culturel » correspondrait à importer pratiquement n’importe quelle forme de culture et d’art, afin d’introduire une nouvelle dynamique dans les façades vides, aux coins de rue défraîchis et parmi les aiguilles abandonnées. Selon Aka, un des signes majeurs de l’embourgeoisement croissant est le changement démographique, bien qu’Aka parle spécifiquement de race, ce qui n’étonne pas puisque son étude de cas porte sur Atlanta, une ville diversifiée sur le plan racial[7]. En revanche, Sudbury, a moins de 7 p. 100 d’immigrants, aussi les rajustements raciaux sont-ils très improbables; toutefois, cela n’empêche pas de changements de culture au centre-ville[8]. La présente culture du centre-celle est très dichotomique, avec une plaque tournante culturelle et de divertissement réussie le long de la rue Elgin (à l’ouest de Minto et au sud d’Elm), entourée d’un croissant d’immeubles décrépits et de flâneurs le long de Paris et d’Elm. Une transformation radicale des derniers secteurs est requise afin d’avoir les meilleurs effets sur la soi-disant « revitalisation du centre-ville ».

Effet

L’embourgeoisement attire naturellement les citoyens plus riches et dont l’éducation est supérieure[9]. Plus grand l’écart est grand entre les habitants à faible revenu et les nouveaux investisseurs à revenu élevé, plus il y a aura de changement dans le secteur[10]. Par conséquent, compte tenu des éléments démographiques généraux du centre-ville, même un niveau relativement faible de nouvel investissement aura des effets considérables. Bien que cela puisse s’observer sur les plans économique et esthétique, les effets les plus apparents de l’embourgeoisement sont la modernisation esthétique qui accompagne l’utilisation de nouveaux capitaux dans des secteurs par ailleurs économiquement défavorisés[11],[12].

Les effets négatifs importants de « l’amélioration urbaine » se trouvent chez les locataires en chômage. L’embourgeoisement et les investissements font monter le prix des loyers, ce qui oblige les chômeurs à se déplacer et se traduit par des loyers encore plus élevés et des habitants plus riches[13],[14]. Ce virage a également des effets positifs. Grâce aux loyers plus élevés, les propriétaires peuvent investir davantage d’argent dans leurs propriétés et les entretenir adéquatement.

Conclusion

La fameuse Jackson Brewery du quartier français de la Nouvelle-Orléans (le Vieux Carré) a été transformée en espace commercial et offre de l’espace pour la vente au détail; l’attrait commercial de l’immeuble est accru[15]. Les lofts de la brasserie qui sont proposés pour la rue Lorne ne sont clairement pas les premiers du genre, bien qu’ils constituent une première étape pour Sudbury. La création de copropriétés dans le « Vieux Carré » ont également fait monter de façon importante la valeur des propriétés environnantes, ce qui donne de l’espoir pour le projet de lofts ici[16]. Ce n’est que par des investissements directs dans les propriétés que le centre-ville de Sudbury pourra croître, prospérer et se développer, puis que de nouvelles entreprises pourront s’épanouir et de nouveaux habitants seront en mesure d’injecter du capital crucial dans le secteur.

Par Alex Berryman

Le contenu du blogue de l’Institut des politiques du Nord est pour l’information et l’utilisation générales. Les vues exprimées dans ce blogue sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement les opinions de l’Institut des politiques du Nord, de son conseil d’administration ou de ses partisans. Chaque auteur assume toute la responsabilité quant à la précision et à l’intégralité de son blogue. L’Institut des politiques du Nord ne sera pas tenu responsable d’une erreur ou d’une omission dans cette information, ni d’un dommage causé par l’exposition ou l’utilisation de cette information. Tout lien vers un autre site Web ne signifie pas que l’Institut des politiques du Nord est d’accord avec le contenu de ce site, ni qu’il y assume une responsabilité.

[1] Aka, Ebenezer, O. « Gentrification and Socioeconomic Impacts of Neighborhood Integration and Diversification in Atlanta, Georgia ». Morehouse College (2010) : 1. PDF.

[2] Herzfeld, Michael. « Engagement, Gentrification and the Neoliberal Hijacking of History ». Current Anthropology 51.2 (2010) : 259. PDF.

[3] Clark, Eric. « The Order and Simplicity of Gentrification – a Political Challenge ». The Gentrification Reader (2005) : 25. PDF.

[4] Clark, Eric. « The Order and Simplicity of Gentrification – a Political Challenge ». The Gentrification Reader (2005) : 24. PDF.

[5] Gotham, Kevin Fox. « Tourism Gentrification: The Case of New Orleans’ Vieux Carre (French Quarter) ». Urban Studies 42.7 (2005) : 1099. PDF.

[6] Rameau, Max. « Gentrification is Dead ». The Centre for Pan-African Development (2008) : 2. PDF.

[7] Aka, Ebenezer, O. « Gentrification and Socioeconomic Impacts of Neighborhood Integration and Diversification in Atlanta, Georgia ». Morehouse College (2010) : 5. PDF.

[8] Sudbury Community Foundation. « Greater Sudbury’s Vital Signs 2013 ». Community Foundations of Canada (2013) : 11. PDF.

[9] Aka, Ebenezer, O. « Gentrification and Socioeconomic Impacts of Neighborhood Integration and Diversification in Atlanta, Georgia ». Morehouse College (2010) : 7. PDF.

[10] Clark, Eric. « The Order and Simplicity of Gentrification – a Political Challenge ». The Gentrification Reader (2005) : 25. PDF.

[11] Atkinson, Rowland; Wulff, Maryann; Reynolds, Margaret; Spinney, Angela. « Gentrification and displacement: the household impacts of neighbourhood change: Final Report ». Australian Housing and Urban Research Institute 160 (2011) : 5. PDF.

[12] Charles, Suzanne Lanyi. « Suburban Gentrification: Understanding the Determinants of Single-family Residential Redevelopment, A Case Study of the Inner-Ring Suburbs of Chicago, IL, 2000-2010 ». Balmoral Centre for Adult Studies : Harvard University (2011) : 1. PDF.

[13] Atkinson, Rowland; Wulff, Maryann; Reynolds, Margaret; Spinney, Angela. « Gentrification and displacement: the household impacts of neighbourhood change: Final Report ». Australian Housing and Urban Research Institute 160 (2011) : 2. PDF.

[14] Herzfeld, Michael. « Engagement, Gentrification and the Neoliberal Hijacking of History ». Current Anthropology 51.2 (2010) : 259. PDF.

[15] Gotham, Kevin Fox. « Tourism Gentrification: The Case of New Orleans’ Vieux Carre (French Quarter) » Urban Studies 42.7 (2005) : 1111. PDF.

[16] Gotham, Kevin Fox. « Tourism Gentrification: The Case of New Orleans’ Vieux Carre (French Quarter) » Urban Studies 42.7 (2005) : 1112. PDF.

0 Commentaires des lecteurs

All fields are required.