Croissance dans le Nord ontarien, par endroits

28 avril, 2015 - Mon billet d’avril traitant de réussites récentes de jeunes, ici, dans notre région, a été accueilli à la fois avec soulagement et scepticisme. Soulagement parce qu’il y avait enfin de bonnes nouvelles; scepticisme parce que la nouvelle n’était pas si bonne puisque plus nombreux étaient alors ceux ayant atteint leur point le plus bas. En fait, je pense qu’un commentateur a utilisé l’expression « le fin fond ». Si c’est là « le fin fond », ça va.

Au cours des dernières semaines, l’Institut des politiques du Nord a divulgué une série de rapports traitant de population, de démographie et de main-d’œuvre dans le Nord ontarien. La nouvelle est bonne, mais les sentiments sont partagés. Dans le Nord-Ouest, depuis à peu près 1987, le nombre total des personnes employées a oscillé entre 105 000 et un sommet d’un peu plus que 115 000. Au cours des sept dernières années, l’emploi a été essentiellement stable, à environ 100 000. Donc mauvaise nouvelle à cause d’une perte de 15 000 emplois, puis bonne nouvelle en raison d’une grande stabilité après un déclin marqué. Voilà un bon point de départ.

Oui, notre population totale dans tout le Nord continue de baisser et les chiffres des prévisions sont inquiétants. C’est particulièrement le cas pour les francophones, les immigrants et les collectivités plus rurales et éloignées, tous voyant baisser leur population totale si les tendances actuelles se maintiennent. Mais de 2001 à 2013, cinq des onze districts du Nord ontarien ont affiché une augmentation de la population. Kenora, Manitoulin, Parry Sound, Nipissing et le Grand Sudbury ont eu une hausse moyenne de quelque 4 p. 100 au cours de cette période de douze ans. La hausse de Manitoulin a dépassé 5 p. 100. L’augmentation semble en rapport avec certains changements ou activités très spécifiques dans ces districts : hausse de la population autochtone, investissement dans des infrastructures publiques majeures, diversification économique continue, innovation dans certaines de nos industries plus classiques.

Ces liens constituent de bonnes pistes pour les responsables des politiques. Ce sont des orientations sur lesquelles ils travaillent déjà. Les projets d’élargissement routiers continuent à de nombreux endroits du Nord, ce qui nous relie mieux entre nous et avec l’extérieur. Il y a déjà des investissements privés et publics dans des infrastructures portuaires et d’autres sont envisagés. Il y a des investissements dans des infractuctures de télécommunications. Combler les écarts de la téléphonie cellulaire et offrir l’accès à Internet haute vitesse à de plus en plus de régions rurales et éloignées (puis des services Internet supérieurs à nos centres urbains plus gros) sont des approches qui ont du sens et comporteront des avantages à long terme, car cela nous permettra d’élargir notre économie locale de l’information. Il y a davantage d’investissements et un ciblage supérieur du côté de la formation de la main-d’œuvre, en vue d’alimenter les réserves insuffisantes de travailleurs et de combler les postes vacants existants.

Le message lié aux travailleurs branchés et compétents est communiqué haut et fort dans nos travaux les plus récents. Lors d’une comparaison du Nord-Est et du Nord-Ouest, un économiste de l’Université Lakehead, Bahktiar Moazzami, a trouvé de très intéressantes différences. Dans le Nord-Est, la scolarité des Autochtones est beaucoup plus élevée que dans le Nord-Ouest. Le revenu moyen de l’ensemble de la main-d’œuvre du Nord-Est est également supérieur. La dépendance des transferts gouvernementaux est plus faible dans le Nord-Est rural que dans le Nord-Ouest rural. Les taux de participation à la population active sont plus élevés et les taux de chômage, plus bas dans les parties très rurales et éloignées du Nord-Est que dans les parties très rurales et éloignées du Nord-Ouest. Il y a davantage d’activité économique dans les zones très rurales du Nord-Est que dans celles du Nord-Ouest, et plus de personnes ont des emplois (il y a un pourcentage supérieur de soutiens économiques ruraux) dans le Nord-Est que dans le Nord-Ouest.

Moazzami associe ces résultats meilleurs à deux facteurs clés, et ils sont évidemment reliés. Il fait une analyse complexe de ce qui est connu en matière de « capital humain » : fondamentalement les niveaux de compétences, de connaissances et d’éducation d’une population. Il trouve que les changements pour ce seul facteur peuvent expliquer entre quarante et soixante-dix pour cent des différences dans le revenu gagné, selon l’endroit où vous vivez. Plus vous êtes éduqué, plus votre revenu sera probablement élevé.

Ce n’est pas dire que tous doivent se présenter pour faire des études universitaires, mais cela signifie accéder effectivement à une éducation et à des opportunités de base, afin d’enrichir les connaissances et d’acquérir les compétences permettant à quelqu’un d’être adapté aux possibilités d’emploi puis de posséder les aptitudes personnelles requises. Cela fait aussi ressortir qu’il n’est pas vraiment étonnant que cet indice de capital humain soit plus élevé dans le Nord-Est que dans le Nord-Ouest. Le réseau le mieux développé et étendu du Nord-Est signifie que les gens peuvent accéder plus facilement aux autres collectivités. Cela étend la gamme des options de programmes leur permettant de préparer leur avenir.

Encore une fois, cela sert de conseils clairs et faciles, auxquels les responsables des politiques peuvent donner suite. Investissez dans l’éducation, en particulier chez les apprenants ruraux et éloignés, et reliez en permanence plus de collectivités parce que les avantages sociaux et économiques sont à long terme et donnent plus vigueur. Somme toute, il s’agit de routes utilisables à l’année longue et d’éducation plus accessible dans les collectivités du Nord. Nous savons que ce sont deux choses qui ont fonctionné dans au moins cinq districts du Nord, servons-nous-en donc dans les onze.

Charles Cirtwill Président et chef de la direction, Institut des politiques du Nord, groupe indépendant de réflexion sociale et économique et dont le siège social est dans le Nord de l’Ontario.

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