Affaires du Nord Ontarien: Chemin de fer

29 juillet, 2014 - Trains ou camions? C’est la question brûlante à laquelle il faut répondre dans le débat entourant les options de transport du Cercle de feu.

À une époque révolue, l’option prédominante était le chemin de fer. Comme l’ont appris des générations d’écoliers canadiens, c’est le chemin de fer qui a ouvert le Nord ontarien et la majeure partie du pays, sur les plans économique et social. Même à l’époque subséquente, lorsque le chemin de fer a perdu son monopole, le train est demeuré gagnant lorsqu’il s’agissait d’accéder à de gros développements du secteur primaire, à long terme. La construction des lignes secondaires du CP et du CN vers les mines de cuivre de Manitouwadge dans les années 1950 est le principal exemple.

Mais le train n’a pas bien réussi face aux concurrents au Canada ces dernières années, même si son importance est croissante dans d’autres pays industrialisés ou en développement. Par conséquent, beaucoup des partisans du chemin de fer voient dans le choix du mode de transport pour le Cercle de feu une épreuve décisive pour l’orientation de la politique du transport, fédérale comme provinciale. Est-ce que les solutions feront encore partie de la planification et des processus décisionnels canadiens?

Face aux nombreuses failles apparues récemment dans nos systèmes de transport nationaux et provinciaux, il est nécessaire de poser les questions fondamentales à propos de notre destinée en matière de transport – et bientôt. Un des plus gros problèmes est que nous n’avons vraiment pas de politique nationale, encore moins de politique du chemin de fer. Il en va de même au niveau provincial.

Ce que nous avons, c’est beaucoup de rhétorique pour divers projets législatifs; la meilleure utilisation de chaque mode est alors recherchée et la concurrence est le principe directeur; en ce qui concerne la politique canadienne sur le transport, le laissez-faire règne depuis des décennies.

Ce test de compétitivité est défectueux parce qu’il n’a pas lieu sur un pied d’égalité. Avec la déréglementation et un manque presque total d’investissement public dans l’infrastructure et le service, nous avons demandé aux sociétés ferroviaires de fonctionner de façon efficiente face à des concurrents qui reçoivent encore plein de subventions directes et indirectes. Comment un mode de transport – même avec sa supériorité pour le déplacement de nombreuses sortes de marchandises et de passagers – peut-il concurrencer les autres dont une partie des coûts sont couverts par le public?

En outre, déterminer la politique du transport en se servant du bilan classique est une approche à courte vue. Une foule de questions en plus de la rentabilité du transporteur doivent entrer en ligne de compte, dont les répercussions sur le développement économique, la connectivité sociale, les effets environnementaux, la disponibilité à long terme, le coût du carburant qui permet à toutes les formes de transport de marchandise et de passagers entre les villes au Canada aujourd’hui.

L’analyse du recours au chemin de fer pour le Cercle de feu fait ressortir ses caractéristiques. Les estimations initiales pour la construction d’un lien ferroviaire de 330 km, depuis la ligne principale du CN, près de Nakina, jusqu’au lieu de développement proposé par KWG, s’élève à 1,561 milliard de dollars, par opposition à 1,052 milliard de dollars pour une grande route. Par le capital, il semblerait que le chemin de fer perde. Toutefois, lorsque la poussière est retombée, le chemin de fer devient le gagnant évident par sa capacité de déplacer une tonne de production minière pour aussi peu que 6,33 $ comparativement à 59,28 $ par camion.

Il y a actuellement de nombreux autres facteurs intangibles à peser. Un est la facilité avec laquelle le chemin de fer peut se transformer depuis une exploitation au diesel vers une exploitation à l’électricité, sans mentionner l’efficacité énergétique supérieure des trains par rapport aux camions.

Le temps presse pour résoudre nos problèmes de transport nationaux et provinciaux. D’autres nations ont abordé des défis similaires et fait du chemin de fer une pierre angulaire de leurs politiques sur le transport, l’intégrant aux plans sur les modes de transport routiers, aériens et maritimes. À une époque de mondialisation croissante, nous ne pouvons perdre de vue que la plupart de nos concurrents ont des années – sinon des décennies – d’avance sur nous.

Si le Canada ne parvient pas à résoudre ce problème, nous le paierons chèrement. Aucune nation majeure ne peut concurrencer mondialement sans un système ferroviaire efficace et efficient. En créer un et l’entretenir ne sauront se faire sans coûts et, comme dans d’autres pays, certains de ces coûts devront être assumés par le public.

Toutefois, ce dont nous avons le plus besoin pour tirer le maximum d’avantage des trains, c’est un plan pour équilibrer les intérêts publics et privés. La première étape doit être le débat depuis trop longtemps attendu qui mène à la production de politiques ferroviaires nationales et provinciales. Lancer ce débat par une discussion publique sur l’option de transport pour le Cercle de feu est la place idéale pour commencer – pour le Nord ontarien comme pour le pays.

Greg Gormick est rédacteur de Toronto en matière de transport et conseiller politique. Parmi ses clients se trouvent le CN, le CP, VIA et de nombreux élus et organismes gouvernementaux de transport.

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