Acier inoxydable et Cercle de feu

1 octobre, 2014 - Il serait difficile de trouver un adulte du Nord ontarien qui n’ait pas entendu parler du Cercle de feu ou ignore ce que cela promet pour l’avenir du Nord. La plupart des gens croient que la prospérité à long terme des travailleurs, de l’industrie et des Premières Nations est à leur porte.

Le rêve va au-delà des éléments de base. Beaucoup d’habitants du Nord éprouvent un sentiment de perte au passage de chaque train chargé de minerai brut, qui s’éloigne et se dirige vers l’extérieur du Nord ontarien. Depuis longtemps, ils croient que toute la valeur de ces ressources n’est pas retenue.

Avec la découverte de la chromite dans le Cercle de feu il y a plusieurs années, le rêve de la valeur ajoutée est rapidement revenu. Maintenant, le Nord a dans sa cour tous les ingrédients pour fabriquer de l’acier inoxydable, unicité qui ne se trouve nulle part ailleurs dans le monde. Qu’il serait ridicule pour le Canada qu’il soit le seul pays du G8 à ne pas avoir d’industrie de l’acier inoxydable lorsque la chromite, le nickel et le fer y sont tous au même endroit?

Bien que le calendrier du développement du Cercle de feu soit inconnu, peut de personnes croiraient que 60 milliards de dollars de richesses minérales connues resteront dans le sol très longtemps.

Une façon d’accélérer cette extraction et de commencer à produire de la richesse sur trois fronts, serait que nos gouvernements investissent dans le développement d’une industrie de l’acier inoxydable. Une usine de fabrication d’acier inoxydable serait un catalyseur accélérant l’investissement dans le développement de la chromite du Cercle de feu, en fournissant un marché local pour le produit. Elle assurerait aussi que l’étape intermédiaire de la transformation de la chromite en ferrochrome se ferait localement. Un coup du chapeau industriel si vous voulez.

Des mesures incitatives afin que soit développée une industrie de l’acier inoxydable, ou bien une créée dans le cadre d’un partenariat privé-public, ne constituerait pas un précédent. Bien que les mines ne soient plus une responsabilité de base du gouvernement fédéral, de l’argent fédéral a été dépensé sur des mégaprojets au nom de la création ou de la relance d’industries canadiennes. Deux qui viennent à l’esprit sont le pétrole de la côte est et les contrats plus récents de construction, afin de répondre aux besoins navals du Canada.

En 1992, Gulf Canada a presque fait échouer le développement d’Hibernia, en se retirant du projet juste au moment où il était sur le point de se réaliser. (La similarité de Cliffs Natural Resources se retirant du Cercle de feu ne nous échappe pas ici).

En l’absence de Gulf, le premier ministre Mulroney est intervenu avec des fonds du gouvernement. Mulroney a pris le risque d’investir plus de 290 millions de dollars dans Hibernia. Des milliards de dollars ont également été assurés pour garantir des prêts à des partenaires privés (mais n’ont jamais été nécessaires en raison de la réussite d’Hibernia).

Des milliers d’emplois ont été créés et les retombées de la construction et de la production du pétrole ont été énormes. Les contribuables canadiens possèdent encore 8,5 % d’Hibernia, et le gouvernement fédéral récolte des paiements d’intérêt annuel à titre de partenaire. Cet intérêt ainsi que les dividendes de la part du gouvernement dans le projet s’élèvent à des milliards de dollars. En plus de cela, il y a les impôts fédéraux et provinciaux versés par les entreprises et les employés en cause.

Pourtant, nombreux sont ceux qui croient que les gouvernements ne devraient pas se mettre le nez dans les affaires de l’industrie privée Toutefois, si l’industrie ne donne pas de signe d’intérêt ou ne peut s’engager sans mesures incitatives, ce principe vaut-il encore? Ça n’a pas été le cas en Finlande. Le gouvernement finlandais a vu le potentiel de l’industrie de l’acier inoxydable et y a donné suite. Après le lancement, presque tout a été vendu à l’industrie privée. Depuis, la Finlande est devenue un chef de file mondial de la fabrication de l’acier inoxydable et des technologies connexes.

Le gouvernement fédéral s’est concentré sur sa lutte contre le déficit national, mais des voies puissantes ont réclamé un cessez-le-feu temporaire. L’Institut C.D. Howe a publié récemment un rapport d’un professeur d’économie de McMaster, William Scarth, dans lequel celui-ci suggérait que le gouvernement fédéral profite des taux d’intérêt bas et investisse des fonds de stimulation, afin de créer des emplois. (« User Discretion Advised: Fiscal Consolidation and the Recovery », juillet 2014.)

La recherche ne favorisait pas une industrie de l’acier inoxydable, mais un stimulus gouvernemental servant à sortir l’économie du marasme. Et ce n’est pas comme si le gouvernement fédéral existant ne croyait pas à un investissement industriel massif. En 2011, les chantiers navals canadiens obtenaient pour 33 milliards de dollars de contrats pour la construction de navires gouvernementaux. Ceux-ci pouvaient être achetés dans d’autres pays, tout comme la chromite du Nord pourrait être expédiée vers des fonderies et des usines d’acier inoxydable en Chine ou en Corée. Où est la valeur dans cela?

Revenons au Cercle feu; les gouvernements provincial et fédéral sont engagés dans une sorte de mariage forcé en ce qui a trait au financement de l’infrastructure. Les habitants du Nord ont hâte aux noces, mais demanderaient-ils trop au mariage s’il y avait aussi comme progéniture une industrie de l’acier inoxydable?

Par Rick Millette

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