le Nord ontarien a-t-il besoin de sa propre stratégie de logement? Première partie.

le 16 juillet 2018 - Le Nord ontarien a besoin de plus de monde. Les prévisions montrent que le Nord manquera de 150 000 personnes vers 2041, même en tenant compte des taux naturels de croissance. Une telle crise démographique attire l’attention qu’elle mérite. Beaucoup de gens font des pressions en faveur d’un projet pilote pour l’immigration dans le Nord, mais résoudre le problème démographique pourrait être la cause d’un nouveau mal de tête.

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Le Nord ontarien a besoin de plus de monde. Les prévisions montrent que le Nord manquera de 150 000 personnes vers 2041, même en tenant compte des taux naturels de croissance. Une telle crise démographique attire l’attention qu’elle mérite. Beaucoup de gens font des pressions en faveur d’un projet pilote pour l’immigration dans le Nord, mais résoudre le problème démographique pourrait être la cause d’un nouveau mal de tête.

Les gens ont besoin de logement, et la situation est déjà tendue. Sioux Lookout a récemment été l’hôte du Sommet du logement du Nord, afin de réagir à ce problème précis, mais, l’offre ne répond simplement pas à la demande dans certaines collectivités en croissance rapide. Cette situation ne fera qu’empirer si la région répond aux besoins de sa population. Pire encore, de nombreux logements deviennent délabrés.

Cela signifie que le Nord ontarien fait face à des sérieuses difficultés de logement.

Alors, quoi? Le gouvernement fédéral déploie sa stratégie nationale en matière de logement. L’Ontario vient de mettre à jour sa stratégie à long terme de logement abordable. L'Association du logement sans but lucratif de l'Ontario a rendu public son propre plan pour le logement abordable. Cela ne suffit-il pas?

Eh bien rien de cela ne répond aux besoins distincts du Nord ontarien. Par exemple, l’abordabilité n’y est pas un problème aussi gros qu’ailleurs. Voilà que 24 % des maisons canadiennes sont inabordables, notamment 27,7 % en Ontario. Le taux dans le Nord ontarien est de 20,5 % [1].

Par contre, les données compilées par le Rural Ontario Institute (ROI), montrent bien ce dont le Nord a le plus besoin. Leurs données sont une compilation personnalisée relative aux besoins impérieux de logements, provenant du recensement de 2016. Le ROI ne s’occupe pas d’abordabilité, seulement de l’état physique des domiciles de l’Ontario.

Et le Nord laisse à désirer. Naturellement, ce problème inspire la question suivante: le Nord ontarien a-t-il besoin de sa propre stratégie de logement?

Le ROI range chaque division de recensement (DR) dans une de trois catégories : métro, partiellement non métro et non métro. Ensuite l’on examine en quoi de nombreux domiciles ont besoin de réparations, manquent de chambres adéquates, et ont soit besoin de réparations majeures OU manquent de chambres.

Dans la Figure 1 se trouve comment les DR se comparent. Dix DR sont au-dessus de la moyenne provinciale, sept sont dans le Nord. Le Nord a les sept pires DR non métro, et les deux pires partiellement non métro. Le Grand Sudbury coupe la tendance en paraissant fort bien dans le groupe métro.

noga-blog-roi-graph_unsuitable-dwellings001Figure 1 : Les districts du Nord sont mis en évidence. Rural Ontario Institute. Focus on Rural Ontario Vol. 5 No. 15, 2018. 

Certes, les domiciles du Nord sont généralement en plus mauvais état qu’ailleurs. Fractionner le total donne un résultat même plus révélateur.

La Figure 2 ne porte que sur les logements inadéquats. Un domicile est inadéquat s’il manque d’un nombre suffisant de chambres, compte tenu des âges et du sexe des occupants. À part le district de Kenora, le Nord ontarien a un assez bon rendement par rapport aux autres. Le Grand Sudbury est le meilleur DR métro, mais ce qui importe davantage, c’est que les DR du Nord sont répartis dans leur groupe plutôt que de former une grappe au haut.

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 Figure 2 Les districts du Nord sont mis en évidence. Rural Ontario Institute. Focus on Rural Ontario Vol. 5 No. 13, 2018 

 

Compte tenu de la Figure 1, le Nord ontarien a certains des taux les plus élevés de logements qui manquent de chambres ou ont besoin de réparations. Pourtant, dans l’ensemble, il ne manque pas de chambres. Alors, la réponse à la mauvaise position du Nord ne se trouve pas derrière la première porte. Et il n’y a que deux portes.

La Figure 3 montre que tous les DR du Nord sont au-dessus de la moyenne provinciale quant au pourcentage des logements ayant besoin de réparations majeures. Cela comprend « de la plomberie ou des fils électriques défectueux ainsi que… des réparations structurelles aux murs, aux planchers ou aux plafonds », ce qui est un indicateur dominant de logements insalubres. À part les inquiétudes en matière d’équité, le domicile inadéquat a été relié à des problèmes physiques et mentaux.

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Figure 3 Les districts du Nord sont mis en évidence. Rural Ontario Institute. Focus on Rural Ontario Vol. 5 No. 11, 2018. 

 

Le DR du Nord sont les pires de la province au regard des logements inadéquats, quel que soit le groupe. Cela paraît le plus pour les DR non métro, où le Nord détient huit des dix premières places. Et le problème est universel. La Figure 4 montre que chaque district du Nord a besoin de réparations majeures, beaucoup plus que de chambres.

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 Figure 4 Données découlant des ROI Focus on Rural Ontario Factsheets

 

Il y a 49 DR en Ontario. Les 11 districts du Nord se trouvent parmi les 21 qui ont les taux de logements les plus inadéquats. Les 28 DR qui ont les taux les plus bas se trouvent tous ailleurs. Il pourrait être naturel de se demander si les réserves sont une source d’inflation des totaux. Après tout 44 % des personnes qui vivent sur des réserves vivent dans des logements inadéquats.

Encore une fois, la Première Nation Wahnapitei, la seule réserve du Grand Sudbury, représente 0,1 % de tous les ménages du DR. Les réserves ne représentent que 24 % de tous les logements du DR de Kenora [2]. Les deux mènent dans leur groupe pour les logements inadéquats. Clairement, le logement dans les réserves n’est qu’un morceau du casse-tête.

Globalement, les données montrent que le Nord ontarien a des besoins distincts de logements. Il paraît mieux que le reste de la province pour le logements abordables et convenables, mais il est de beaucoup pire quand il est question de logements adéquats. Le Nord devrait peut-être avoir une stratégie pour répondre à ces besoins distincts.

Ce blogue est la première partie d’une série de deux. Dans la seconde partie sera exploré ce que pourrait comporter une stratégie du logement pour le Nord de l’Ontario.


Footnotes 

[1] Calculs de l’auteur, fondés sur les données du recensement de 2016 de Statistique Canada. http://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2016/dp-pd/chn-biml/index-fra.cfm

[2] Calculs de l’auteur à partir de l’« Expanded table: Ranking of census subdivisions by percent of households in dwellings needing major repairs » http://www.ruralontarioinstitute.ca/knowledge-centre/focus-on-rural-ontario

 

Écrivez pour nous

 

Anthony Noga est analyste de recherche à l’Institut des politiques du Nord.

Il faut remercier spécialement Ray D Bollman, adjoint de recherche au Rural Development Institute, de l’Université de Brandon, puis le collaborateur professionnel Leslie Harris du Centre of Regional Policy and Development, de l’Université Memorial, d’avoir compilé les données, de leur patience et de leur aide pour trouver des réponses à mes questions. Merci aussi au Rural Ontario Institute d’avoir partagé ses données ainsi qu’à Hayley Blake de l’IPN d’avoir produit les graphiques.


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