Combler un vide en éducation – Projet d'éducation des Premières Nations : Teach for Canada

20 octobre, 2015 - Chaque septembre, des centaines d'enseignants novices se dirigent vers le Nord, afin d'y enseigner dans des collectivités éloignées et surtout peuplées de membres des Premières Nations. Embauchées par les districts d'écoles publiques du Nord ou par les autorités de l'éducation autochtones, les recrues arrivent enthousiastes et « prêtes à nager ou à couler » dans un milieu d'enseignement presque entièrement inconnu.

Cette année diffère pour une raison : Teach for Canada (TFC) (enseigner pour le Canada) est un nouveau « scénario de rechange » dans le monde de l'éducation, et c'est un ONG autonome qui a pour mission de sortir des sentiers battus, de combler les postes d'enseignants qui sont vacants, puis de combler les « lacunes de l'éducation » qui affectent les collectivités des Premières Nations du Nord de l'Ontario.

« En travaillant avec les aînés des Premières Nations et les éducateurs, puis en préparant mieux les enseignants, le programme comble un vide », dit Cynthia Wesley-Esquimault de l'Université Lakehead, directrice des initiatives autochtones. « C'est pourquoi nous avons organisé une séance estivale de formation de quatre semaines, Teach for Canada, ici à Lakehead. »

Tous les yeux sont rivés sur ce groupe spécialement formé de trente et un enseignants qui viennent d'accepter leur poste dans le Nord ontarien. Ils sont, après tout, la première cohorte d'émissaires recrutés, sélectionnés par Teach for Canada (TFC) et jouissant de son appui; ce groupe a été cofondé par deux anciens boursiers d'Action Canada, Kyle Hill et Adam Goldenberg.

En dépit du bon accueil par la plupart des chefs des Premières Nations et d'éducateurs chefs de file, TFC est une initiative qui a été froidement reçue par la Fédération canadienne des enseignantes et enseignants (FCE) et les activistes du syndicat local des enseignants. Lorsque les enseignants syndicalistes voient le logo de Teach for Canada, avec ses caractéristiques oies canadiennes en vol, ils voient le gros et méchant équivalent américain, Teach for America, prélude de l'insidieuse « privatisation ». Ils sont également méfiants face à la possibilité que les recrues de TFC signent des ententes avec les écoles des Premières Nations et pour des salaires ne se trouvant pas dans les échelles des écoles publiques.

Dès ses débuts, TFC n'a pas seulement déclenché une série de blogues hostiles provenant du syndicat des enseignants, mais poussé la FCE a sortir un « document d'information » et à accueillir par un communiqué de presse accablant les nouveaux diplômés de TFC en août 2015.

Des observateurs rapprochés, provenant des collectivités des Premières Nations, sont franchement perplexes face à la réaction des enseignants syndicalistes en rapport avec le projet pilote Teach for Canada, dans le Nord ontarien. « Nous ne faisons actuellement rien pour former et pour acclimater les nouvelles recrues qui arrivent dans les collectivités des Premières Nations, dit Wesley-Esquimault, et c'est donc certainement une amélioration. »

« Teach for Canada comble un vide ». dit le journaliste du Wawatay News, Rick Garrick, « alors comment pouvez-vous vous plaindre? » De plus, ajoute-t-il, « ce projet constitue un réseau de collègues enseignants, afin d'aider à surmonter les sentiments d'isolement et d'apporter un soutien continu pendant la transition ».

Le très louangé directeur de l'école secondaire des Premières Nations, à Thunder Bay, Jonathan Kakegamic, gagnant du Learning Partnership Outstanding Principal’s Award de 2013, est également favorable à l'initiative. « Je viens de prendre connaissance de cela en août, dit-il, mais j'y vois un pas dans la bonne direction. Il est difficile de trouver des enseignants qualifiés, surtout pour le secondaire; cela répond par conséquent à un besoin immédiat. »

Les conseils scolaires publics du Nord ontarien ont été lents à réagir au projet TFC. Cela pourrait s'expliquer parce que, dès le début, ils ont également été réticents avant d'adopter Teach for Canada. Comme d'habitude, ils n'ont pas été portés à reconnaître cette initiative de l'extérieur du système, voire à y réagir.

Le projet initial Teach for Canada n'a démarré dans le Nord ontarien que lorsque le Conseil de l'éducation des Nishnawbe du Nord, une autorité de l'éducation, dirigée par des Premières Nations au lac Seul, a sauté sur l'occasion de s'assurer d'avoir des enseignants motivés, dévoués et fervents pour leurs écoles primaires à des endroits reculés.

Une des recrues les plus impressionnantes de TRC, Roxanne Martin, une Anishinaabe élevée à Toronto, ne tarie pas d'éloges pour le projet. Ayant grandi dans la métropole grouillante de l'Ontario, elle désirait en savoir davantage sur son identité culturelle, et elle est ravie d'être une pionnière de Teach for Canada, enseignant cet automne à l'école de la Première Nation du lac Seul.

« Il est formidable de savoir que nous avons un excellent système de soutien et d'être en mesure d'intégrer la culture des Premières Nations dans notre enseignement, dit-elle à CBC News. Je ne crois pas pouvoir trouver cela ailleurs. »

Fraîchement sortie de sa séance de quatre semaines, y compris un séjour de cinq jours au sein de la Première Nation du lac Seul, Martin et la première cohorte des recrues de Teach for Canada sont mieux préparées que tout groupe antérieur d'enseignants destinés à l'éducation dans les collectivités des Premières Nations.

Les condamnations générales des innovations en éducation et provenant de l'extérieur du système ne sont que trop fréquentes. À prime abord, cela semble une nouveauté positive, ne serait-ce que comme programme de transition.

Paul W. Bennett est attaché supérieur de recherche, Éducation, à l'Institut des politiques du Nord, à Thunder Bay et à Sudbury (Ontario), ainsi que directeur de Schoolhouse Consulting, à Halifax, en N.-É.    

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