Itinérance dans le Nord ontarien

le 1 octobre 2018 - L’itinérance peut prendre bien des formes. Par exemple, le rond-point de l’itinérance décrit quatre typologies : sans-abri, hébergement d’urgence, hébergement provisoire, hébergement de personne en péril. Chaque forme d’itinérance varie, depuis ceux qui vivent dans des espaces publics avec un minimum de sécurité, jusqu’à ceux bénéficiant d’un hébergement temporaire, ou ceux ayant un hébergement d’urgence jusqu’à ceux qui sont sur le point de devenir sans-abri (couchent chez des amis, ont un domicile non sécuritaire, etc.). Le rond-point de l’itinérance insiste sur le fait qu’une personne n’adopte pas toujours une unique forme d’itinérance et qu’elle peut vivre celle-ci sous plusieurs formes.


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L’état de l’itinérance au Canada, du rond-point de l’itinérance, explique que l’itinérance n’est plus surtout un problème d’hommes plus âgés et célibataires. Comme le montre la figure 1 ci-dessous, cet état se trouve dans plusieurs groupes démographiques, dont les Autochtones, les anciens combattants et les femmes. Le rapport a également permis de trouver que le séjour moyen dans un refuge pour sans-abri, utilisé par des jeunes et des personnes seules, était de 10 jours; quant aux familles et aux aînés, leur séjour était deux fois plus long.

Figure 1 : Démographie de l’itinérance (%) au Canada, 2016

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Source : « L’état de l’itinérance au Canada 2016 », du rond-point de l’itinérance

Ces statistiques font ressortir des faits alarmants au sujet de la représentation existante des aînés, des femmes, des jeunes, des Autochtones et des anciens combattants dans la population totale des itinérants. Nous pouvons voir que les Autochtones représentent plus du tiers de ceux qui vivent l’itinérance. Lorsque nous regardons l’Ontario, la situation est similaire. Par le recours aux comptages à un moment donné (CMD), les collectivités peuvent obtenir un « instantané » de la situation, afin de comprendre qui est sans-abri, pourquoi, les sources de revenu de ces personnes et d’autres facteurs. Les collectivités peuvent se servir d’information pour concevoir une solution significative au regard de l’itinérance et permettre aux collectivités de suivre l’efficacité de telles mesures.

À des fins d’illustration, Thunder Bay, une ville de 93 952 habitants a fait interviewer 289 personnes de sa population d’itinérants, et ce, pour un CMD en 2016[i]. La même année. Brantford, avec 97 496 habitants, a procédé à son propre CMD avec 95 familles. Compte tenu de la similarité de la taille de la population de Thunder Bay et de Brantford, nous pouvons comparer en quoi les chiffres provinciaux diffèrent dans les régions du Nord et du Sud de l’Ontario, ce qui nous permet de poser des questions sur les raisons de ces différences. Par l’utilisation du cas de Thunder Bay, nous voyons comment les données provinciales varient grandement lorsque nous observons le Nord ontarien, spécifiquement face à la surreprésentation des Autochtones.

 

Figure 2 : Démographie de l’itinérance (%) dans Thunder Bay et Brantford, 2016

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Source : Lakehead Social Planning Council, Ville de Brantford

Les Autochtones représentent une proportion considérablement plus grande de la population de sans-abri à Thunder Bay par rapport à Brantford, comme le montre la figure 2. Toutefois, Brantford a déclaré que ses résultats confirmaient que les Autochtones sans-abri étaient surreprésentés, lors de l’examen de toutes les personnes de la population de sans-abri de la ville. Les résultats des deux enquêtes suggèrent qu’il est nécessaire d’élaborer une programmation répondant à la demande de la population autochtone.

Plusieurs chercheurs ont suggéré que des Autochtones s’installent à Thunder Bay, soit pour leur éducation, soit pour échapper au problème de logement existant, mais ils sont incapables d’accéder aux services d’aide nécessaires pour leur situation ou de repérer ces services. Une situation similaire existe à Brantford, où de nombreux Autochtones venus des réserves arrivent en ville, à la recherche d’un logement et de services. Malheureusement, les personnes et les familles arrivent dans la collectivité et, souvent, se heurtent à des obstacles lorsqu’il faut trouver des solutions à leurs besoins de base tels que le logement. Cela signifie qu’il n’y a pas assez de ressources disponibles ou que les ressources existantes ne conviennent pas aux populations autochtones.

À part la surreprésentation de la population autochtone, celle qui vieillit comporte aussi des problèmes. Under One Roof: Housing and Homelessness Plan, de Thunder Bay, s’attaque aux défis qui ont été soulevés. Le plan fait remarquer que de nombreux aînés pourront se payer un loyer et un logement; leur grave préoccupation est de trouver un logement répondant à leurs besoins. Toutefois, il est important de noter que plus de 50 % des aînés à Thunder Bay dépensent pour le loyer plus de 30 % de leur revenu. Le Brantford-Brant Housing Stability Plan indique une hausse similaire dans la population d’aînés de cette ville ainsi qu’un besoin semblable de trouver du soutien pour le logement. Bien qu’il n’y ait pas eu de données comparables accessibles pour Thunder Bay, Brantford a rapporté que 8,4 % de ses aînés étaient sans-abri; chez les jeunes, ce taux s’élevait à 9,5 %. Comparativement, le Thunder Bay Shelter House, seul refuge qui accommode les jeunes, a rapporté que les jeunes constituent 25 % de ses utilisateurs.

Les statistiques présentent des défis de taille, mais elles démontrent le besoin d’une approche polyvalente afin de réduire effectivement l’itinérance. Comme l‘Ontario a la plus grande proportion d’Autochtones au Canada, toute approche pour contrer l’itinérance doit répondre aux besoins des Autochtones. Conformément à ce qui a été signalé antérieurement, les transitions depuis les réserves vers des collectivités urbaines plus grosses sont le plus grand défi; alors les collectivités doivent concevoir des services inclusifs, non discriminatoires et sensibles aux besoins culturels des Autochtones. Ces services doivent surmonter tout obstacle linguistique ou culturel qui existe (p. ex. la prestation de services en langue autochtone); il faut répondre aux divers besoins de logement des Autochtones (p. ex. des unités à prix abordable pour les familles nombreuses), leur faire mieux connaître les services qui existent et la façon d’y accéder. De plus, au fur et à mesure que vieillit la population, les besoins de logement changent et il faut s’adapter aux besoins des aînés. Généralement, les aînés aujourd’hui sont en meilleure posture que par le passé, et leurs besoins de logement ont également changé. Cela signifie qu’il faut créer des logements avec des services de soutien et du personnel administratif formé et équipé pour s’occuper des besoins de cette clientèle.

Réduire l’itinérance commence par comprendre que ce n’est pas seulement ce que nous voyons dans les rues, ni qu’une affaire de démographie. Une stratégie réussie exige un effort communautaire pour répondre aux besoins individuels de tous les éléments démographiques, à partir de programmes sensibles à la culture, afin qu’il y ait plus de logements adoptés aux besoins liés à la démographie.

 

[i] Thunder Bay et North Bay sont actuellement les deux seules villes du Nord ontarien qui ont effectué un CMD.

 

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Winter Lipscombe est une stagiaire en relations publiques à l’Institut des politiques du Nord.


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